Vieuxtemps (place )


             



       Lors de l’implantation du quartier des Boulevards, cette place reçut l’appellation de « place du Congrès » ; cela commémorait l’institution qui, à la révolution de 1830, fut la base de notre indépendance ; ce nom est d’ailleurs très répandu dans les localités de notre pays.

     

Notre éminent concitoyen, le violoniste Henri Vieuxtemps (1820-1881) s’était vu attribuer le nom de la rue qui relie l’avenue Peltzer à la rue de l’Union, face au parc de la Tourelle. 
  Au lendemain de la guerre 1914-18, on apporta ces deux modifications : la rue Vieuxtemps devint « rue de Louvain » en l’honneur de cette cité martyre  et la place du Congrès devint « place Vieuxtemps », d’autant plus qu’un monument y était érigé en l’honneur de ce violoniste. 

      Cette place est une des plus belles du quartier des Boulevards ; la frondaison de ses arbres donne un heureux environnement à la statue, et sa forme en étoile donne naissance aux belles artères que sont l’avenue Léopold II, l’avenue de Spa, les rues de France, Libon, Parc et Séroule.

      Henri Vieuxtemps naquit le 20 février 1820, dans une famille modeste, en Crapaurue. Son père étant luthier, c’est tout jeune qu’il écoute cet instrument ; sa précocité est telle qu’à quatre ans et demi, il sait déjà lire la musique.

      Le professeur Lecloux-Dejonc, de Herve, l’initie au violon. Agé de sept ans, il donne un concert au grand théâtre, et un ami des arts, Pierre de Thier, le soulève, en fin du concert, vers la foule des auditeurs qui l’acclament.

    Autre anecdote émouvante : de passage à Anvers, il rencontre le fondateur de l’Hospice d’Ensival, de Pouhon, qui habitait la métropole ; celui-ci offre à l’enfant un coq, œuvre d’orfèvrerie ; en témoignage de reconnaissance, notre virtuose vint quelques jours après, dire au donateur : «j’ai fait chanter le coq » ; il venait de composer, à son intention, le « chant du coq ».

     Lorsque Barthé­lémy Vieillevoye, directeur de l’Académie de Liège, fit un portrait du jeune Henri, ce coq figurait sur sa poitrine. 

    A neuf ans, il compose une contredanse pour la Société d’Harmonie, et multiplie ses concerts. Mais, une rencontre va influencer sa carrière ascendante : frappé par son jeune talent, Charles de Bériot (1802-1870) l’emmène à Paris et complète sa formation (1829). 

     En 1833, sa carrière de virtuose débute, et, dès 1836, il exécute ses propres compositions ; il appartient à l’école romantique.

     En 1843, il se produira à Gand, devant la reine Victoria et nos souverains. Il serait trop long de suivre sa prodigieuse carrière de par le monde : en Allemagne, à Vienne, à Londres et en Hollande ; il retourne à Vienne, et y publie des œuvres ; Prague, Dresde, Leipzig et Berlin ne sont rien à côté de son succès à Moscou et Saint Pétersbourg où il séjourne. 

    En 1840, il rentre à Bruxelles et est à Paris en 1841. Une tournée en Amérique (1844-45) est un triomphe. Il sera professeur de perfectionnement au Conservatoire de Bruxelles (1871). 

   
Eugène Ysaye
L’œuvre de cet éminent violoniste et compositeur est vaste ; on retiendra surtout six concerto très appréciés, et la « ballade et polonaise » sera le cheval de bataille de son disciple Eugène Ysaye (1858-1931). 


   Hélas, une attaque (1873) le paralyse partiellement, mettant fin à ses tournées ; le 6 juin 1881, la mort le surprend chez son gendre, à Mustapha-Alger, où il s’était retiré. 

   Il repose au cimetière de Verviers, où son corps fut ramené le 28 août 1881. Son monument funéraire est l’œuvre du sculpteur Clément Vivroux (1831-1896). Il avait un frère, Lucien, qui fut pianiste, et dont un buste est au Musée communal de notre ville. 

   Il en est de même du violon et de deux portraits de Henri Vieuxtemps enfant, peints par R.E. Rénasteine, de Malmedy, et Barthélémy Vieillevoye, dont nous avons respectivement parlé. 

   A l’occasion de l’inauguration de sa statue, signée Egide Rombaux, (1809), la cérémonie comprit une cantate de circonstance due à L. Kefer, directeur du Conservatoire (cfr. rue Chapuis). 

    Du 24 au 29 août 1920, en commémoration du centenaire du maître, et à l’initiative de son disciple Eugène Ysaye, une série de concerts furent organisés au Grand Théâtre de Verviers, en présence de la Reine Elisabeth, logeant au château de Neubois, à Spa, chez le sénateur Ed. Peltzer-de Clermont. 

  Un concours de violon s’inséra dans cette semaine musicale ; il préfigure le « concours Vieuxtemps » instauré trois ans après, car le Conseil communal (29 août 1921) avait accepté un don et ratifié le règlement de l’épreuve ; depuis lors, se déroule ce concours bi annuel de violon.












Août 1920 : Centenaire de la naissance de Henry Vieuxtemps


  










Le 29 août 1920, un hommage est rendu au grand violoniste et compositeur verviétois Henry Vieuxtemps. Pour cette occasion, le roi Albert Ier, son épouse la reine Elisabeth, le prince héritier Léopold ainsi que la princesse Marie-José et le prince Charles sont présents.


     Après l’accueil à la gare, le cortège royal se rend en voiture à l’hôtel de ville où étaient regroupés des combattants de 1914-1918 avec leurs drapeaux et une banderole « Nos vaillants défenseurs ».

     Le souverain est accueilli par le Gouverneur de la Province, Gaston Grégoire, et par le Bourgmestre Jules Spinhayer. Ce dernier ne remplit ce mandat que pendant 18 mois mais a la chance de pouvoir recevoir, durant celui-ci, la famille royale.

   Le 29 août clôture la semaine artistique consacrée à Henry Vieuxtemps, pendant laquelle eurent lieu plusieurs concerts symphoniques.

   La famille royale s’est associée à la population verviétoise et aux personnalités du monde musical pour célébrer le talent et la mémoire de ce musicien international. A 14 heures, sur la place Vieuxtemps – qui s’appelait place du Congrès – la famille royale, accompagnée d’autres personnalités, assiste à la grande manifestation publique qui constitue le point d’orgue du Centenaire.

   Une estrade et des tribunes sont dressées sur la place pour l’occasion et Franz Monfort y immortalise la reine en photo.

    Le couple royal y entend d’abord l’hymne national « La Brabançonne » suivi par un discours du Président du Comité, Édouard Peltzer de Clermont, puis enfin l’exécution de la Cantate « Ode à H. Vieuxtemps ».

   La famille royale rentre au Palais en train, tandis que la fête continue à battre son plein à Verviers. La journée se clôture, après un concert d’harmonie, par l’orchestre communal, au Kiosque de la place Verte, ainsi que par un grand concert militaire dans les jardins de la Société d’Harmonie.










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