jeudi 19 janvier 2017

comment heusy, hameau de Stembert, fut érigéen commune



                   
  Avant 1837, Heusy formait un hameau de la commune de Stembert, sa population était de 713 habitants.

   A cette époque, les moyens de communication n’étaient guère aussi faciles que de nos jours et pour se rendre à Stembert nos concitoyens n’avaient que des ruelles mauvaises, tortueuses, en un mot mal entretenues. Une de ces ruelles dite Chemin des Moi'ts existe encore aujourd’hui et relie Mangombroux à Stembert.

  Les Heusytois se plaignirent d’être négligés par l’Adminis- tration de Stembert à tous les points de vue : pour Heusy pas de travaux, pas de représentants dévoués aux intérêts heusytois dans le Conseil communal ; trop grande aussi la distance entre le hameau et le centre de la commune, d’où corvées pour les habitants de Heusy et impossibilité pour les édiles de Stembert de bien administrer. Bref, le besoin de l’indépendance se faisait sentir et une campagne acharnée, tendant à faire ériger Heusy en commune, commença immédiatement.

  Des incidents plutôt joyeux marquèrent la campagne de séparation : Un habitant de Heusy, M. Devaux, s’était procuré un canon et plusieurs décharges furent envoyées dans la direc­tion de Stembert de l’endroit dit : Pré le Coo, emplacement actuel de la villa de M. Trokay, rue Hodiamont.
Nous ne croyons pouvoir mieux faire, pour être fidèles dans notre exposé et rendre exactement les idées d’alors, que de reproduire textuellement les quelques pétitions envoyées au Roi et aux Chambres législatives par Stembert et Heusy.

Le 6 Septembre 1836, les habitants de Heusy s’adressaient au Roi dans les termes suivants :




















A sa Majesté le Roi des Belges.
Sire,

        Le hameau de Heusy est une dépendance de la commune de Stembert; cependant ce beau village est aujourd’hui d’une importance telle qu’il mérite d’être élevé au rang de com­mune séparée... Voici, Sire, les raisons à l’appui de ce que nous venons de vous exposer.
      
      Heusy renferme une population de 566 âmes et de cent maisons agglomérées et en sus 179 âmes avec 3i maisons agglomérées, ce qui donne une population au territoire de Heusy de 745 individus avec 131 maisons.

      De plus, Heusy est distant du village de Stembert de trois kilomètres, distance qui doit se faire par des chemins mauvais et à peu près impraticables en hiver; de sorte que pendant les temps de neige, il faut passer par Verviers, ce qui porte la distance à parcourir à cinq kilomètres.

     Heusy forme une agglomération d habitants sur la Grand’- route de Verviers à Spa par Oneux et il a des limites natu­relles qui le séparent de Stembert en prenant pour ligne de démarcation le ruisseau de Mangombroux comme il est indiqué au plan de la commune.

    Heusy ayant partout de bonnes ccmmunications pour son intérieur a le plus grand intérêt, Sire, d’être séparé de la commune de Stembert; cet intérêt consiste à avoir dans son sein, son administration municipale, intérêt qui devient tous les jours plus impérieux, d’autant plus que Stembert a tou­jours la majorité des voix dans le Conseil communal, ce qui nous a porté préjudice... Enfin, notre hameau étant érigé en commune, les habitants ne seraient plus forcés de courir à Stembert, ni de faire trois à quatre kilomètres de chemin pour )) l’état-civil, les certificats de milice et de bonne conduite, les » changements de domicile et enfin pour les moindres opérations » nécessaires, déplacements et pertes de temps très onéreuK à )) nous artisans et cultivateurs.
)) Nous osons donc supplier Votre Majesté de proposer, con- » formé ment aux articles 2 et 13 de la Constitution, une loi » pour amener l’érection du hameau de Heusy en commune et » cela, avec d’autant plus de raison que les intérêts de Heusy » et de Stembert sont tout à fait opposés, et que Heusy est déjà » commune sous le rapport spirituel, Monseigneur l’évêque )) l’ayant érigé en succursale indépendante.
) Nous avons l’honneur d’être avec respect, Sire, de Votre » Majesté,



Les très humbles et très obéissants serviteurs.
 Heusy, le 6 Septembre 1836

(Suivent les signatures au nombre de 140).
  L’accord ne fut pas unanime, en ce qui concerne le quartier de Mangombroux notamment. Poussés par l’idée de la contra­diction, aiguillonnés peut-être par Stembert, ou convaincus à tort du préjudice que pourrait causer leur séparation de Stem­bert, les habitants du dit quartier envoyèrent aux Chambres une réclamation conçue en termes très vifs à l’égard de Heusy. Voici la teneur de cette pétition :

Les habitants de Mangombroux, hameau dépendaiit de la commune de Stembert, district de Verviers,
province de Liège,
A Messieurs les Membres de la Chambre des Représentantsà Bruxelles.


Messieurs,

 Appliqués exclusivement à la culture de nos terres et à la » gestion des affaires domestiques, ne lisant jamais les jour- » naux, nous n’avons été instruits que par ouï dire de la pétition » que les habitants du hameau de Heusy, dépendant de la » commune de Stembert ci-dessus, ont adressé à Sa Majesté » sous la date du 6 Septembre présente année, pour obtenir que » conformément aux articles 2 et 3 de la Constitution une loi » soit proposée pour amener l’érection de leur hameau en commune séparée ayant leur administration particulière; notre » intention n’est pas de critiquer leurs démarches; mais ce que » nous réprouvons hautement, ce qui nous paraît de toute » illégalité, ce que nous considérons comme une atteinte portée » à la liberté individuelle et collective des habitants de Mangombrouxt, c’est qu’ils se soient arrogés le pouvoir arbitraire  de nous comprendre dans le cercle de la commune imaginaire  dont ils ont joint le tableau à leur pétition, et cela sans notre )» assentiment.
 Que les habitants de Heusy aient des raisons pour solliciter » l’érection de leur hameau en commune, quoique nous ne le i» pensons pas, peu importe. Pour nous, qui, par notre position »» géographique sommes aussi éloignés de Heusy que de Stem- i) bert, nous n’avons aucune ra'son de chercher à faire partie de  cette commune de nouvelle fabrique, et encore moins de nous h charger de charges locales plus élevées que celles auxquelles h nous sommes assujettis, et qui nous sont déjà très onéreuses,

   Sans avoir en compensation le moindre avantage, et unique ment pour faire plaisir à une partie de Messieurs les habitants de Heusy en donnant à leur hameau par notre réunion, l’air  d’une population nombreuse.

Nous ajoutons, qu’habitués avec nos administrateurs, dont  nous n’avons pas à nous plaindre, nous ne voulons pas courir  la chance d’ètre soumis à d’autres magistrats, dont, peut-être,  nous aurions moins lieu d’être satisfaits.

Nous laisserons les habitants de Heusy gémir seuls des charges de leur nouvelle administration, comme ils le font dejà du surcroit de dépenses que leur cause l’érection de leur vicariat en chapelle indépendante et resteront de préférence m attachés à la commune mère.

   En conséquence, en cas que la pétition des habitants de Hcusy soit prise en considération, nous prenons, Messieurs, lu respectueuse liberté de vous adresser par la présente notre  protestation formelle contre notre réunion à la future commune de Heusy, de vous manifester notre résolution va riable de continuer à faire partie de la commune de Stembert  et nous osons espérer que, vu les raisons ci-dessus déduites, plus consciencieux que les habitants de Heusy, vous ne nous  enserrez point contre nos vœux, dans le cercle d’une com mune à laquelle nous ne voulons pas appartenir.

   C’est ce que nous attendons de votre justice étant avec » respect, Messieurs, vos très humbles et obéissants serviteurs. »

(Suivent 3o signatures).

Non seulement Mangombroux protesta, comme la lettre ci-dessus le démontre, mais les adversaires de la séparation parvinrent à faire leurs partisans les conseillers communaux de Stembert résidant à Heusy et diverses autres personnes de notre commune.
Voici le texte de la protestation qu’ils envoyèrent à Bruxelles :
Les soussignés, membres du Conseil communal de Stembert, demeurant à Heusy, même commune et principaux pro­priétaires y domiciliés,
                         A Messieurs les Membres de la Chambre des Représentants,
                                                                    à Bruxelles. 

Messieurs,

  Ayant eu, par l’organe du Journal de Verriers, connais- » sance de la pétition d’une grande partie des habitants de » Heusy, hameau dépendant de la commune de Stembert, )) arrondissement de Verviers, province de Liège, adressée à » Sa Majesté, sous la date du 14 Septembre dernier, tendante à » obtenir la séparation du dit hameau de la commune de Stem- )) bert et son érection en commune indépendante et ayant mûre- » ment réfléchi sur les suites la plupart défavorables qui » entraînerait une pareille séparation, nous nous croyons en » devoir, tant pour notre propre intérêt que pour celui des  bénévoles signataires de la dite pétition, qui séduits par les i) vains clinquants d’une rhétorique fallacieuse, ont de trop » bonne foi avalé la pilule qu’on a eu soin de leur dorer,
    Sans prévoir toute l’amertume qu’elle pourrait renfermer, de  vous notifier notre opposition solennelle au vœu énoncé dans » la dite pétition et pour vous donner autant que le comportent » nos faibles lumières, la mesure de l’attention que cette pièce » mérite de votre part nous nous permettons de relever tout ce » qu’il y a d’inexact dans les raisonnements sur lesquels les » signataires de cette péiition ont essayé de l’étayer.

D’abord :  La distance de Heusy à Stembert n’est pas de  5 kilomètres comme il est dit, mais de trois tout au plus.

 2° Les chemins de Heusy à Stembert ne sont impraticables  que quand ils le sont partout et les exemples bien rares qu’on » pourrait apporter de cette impraticabilité, formerait tout au n plus une exception et non pas une règle; de sorte que dans » les cas ordinaires ceux de Heusy ne passent par Verviers pour n aller à Stembert que quand cela leur fait plaisir, ou qu’ils y » ont intérêt.

 3° ïl est encore moins vrai que, dans les élections, Stembert ait toujours la majorité des voix et que Heusy ait à se plaindre de la partialité de l’administration pour Stembert a son détriment. On ne peut donner une preuve plus certaine de la fausseté de cette assertion qu’en démontrant l’égalité du partage des magistrats selon la population des endroits  respectifs de l’époque du 14 Juillet dernier : Stembert le plus peuplé avait dans son sein le bourgmestre deux conseillers et  un assesseur; Heusy, beaucoup moins peuplé que  Stembert,avait cependant trois conseillers et un assesseur; Mangomhroux avait un conseiller.

 Nous  ajoutons que lors des élections du 14 Juillet dernier, le Bureau a suivi exactement les instructions reçues pour n humer le nouveau Conseil communal et pour preuve plus n «tutlientique de la parfaite harmonie qui règne dans le  conseil d’administration, nous dirons sans crainte d’ètre m démentis que, depuis la Révolution, toutes les délibérations du Conseil ont été signées unanimement, ce qui atteste hautement la parfaite harmonie qui y règne et dément l’insnuation calomnieuse de l’espèce de servage dans lequel  Stembert tiendrait Heusy.

 Dans cet exposé fait en toute conscience nous croyons » pouvoir vous assurer, Messieurs, qu’il n’y a pas grand chose » de vrai, ni même de vraisemblable dans la fameuse pétition dont il s’agit, qui n’est pas le vœu unanime des habitants du  hameau de Heusy, mais celui d’une fraction des habitants  du dit lieu, qui encore pour la plupart éblouis par l’auréole d’un bien-être futur dont la certitude ne repose sur rien, ont apposé leur signature sans trop savoir de quoi il était » question.

 Cette pétition n’est en dernière analyse que l’œuvre de  quelques individus qui, chatouillés par l’ambition, altérés de  cette soif que cause le désir de la domination, ayant eu la » douleur de se voir déboutés dans les dernières élections » malgré les ressorts de toute espèce qu’ils ont fait mouvoir  pour s'élever à la magistrature, voudraient, en désespoir de » cause, trouver dans l’érection d’une nouvelle commune une » chance plus heureuse qui les consolât de leur déconfiture.

   C’est pour cela qu’ils persuadent à qui veut les écouter que  les charges de leur nouvelle commune seraient moins lourdes  que celles qu’ils portent à présent, tandis que le plus gros  bon sens montre évidemment le contraire et fait voir clairement que si à présent Heusy est l’endroit de la commune où  il se trouve régulièrement le plus de côtes irrécouvrables, s’il était laissé à lui-même en dépit de l’horoscope séduisant qu’on  lui tire, il ne tarderait pas à succomber sous Je faix ce qui se » voit déjà quant à son chapelain transféré en desservant, auquel » il a tant de peine de trouver par an la modique somme de » trois cents francs.
D’après tout ce que dessus, nous osons espérer, Messieurs,  que vu l’opposition des habitants de Mangombroux à la dite  séparation, qui vous est déjà parvenue et celle que pour le  bien-être même de nos co-habitants, nous osons vous faire  parvenir, vous ôterez le masque de patriotisme dont l’ambition » se couvre ; qu’en conséquence et pour satisfaire au vœu de la  portion la mieux sensée des habitants de Heusy, vous écarterez une pièce enfantée par l’intrigue, dictée par la soit de h dominer et signée sans mûr examen.

 Dans cette attente nous sommes avec respect, Messieurs,  vos très humbles et dévoués serviteurs. 

  La polémique continu et le 4 Novembre 1836 le Nouvelliste de Verriers publiait une réponse à tous les arguments déve­loppés par les adversaires de la séparation. 

  



 Cette lettre est signée  J. Toq et, André-Jos. Palla, André Wasson, trois heusytois de vieille roche. 

   Nous la transcrivons littéralement : 










 Guidés par de paissantes considérations d’intérêt public, les habitants de Heusy se sont adressés en masse et unanimement au gouvernement de Sa Majesté pour obtenir une loi  d’érection de leur beau village en commune. 

Cette démarche » n'a été ni le produit d’une impulsion étrangère, ni de l’intrigue, ni de l’ambition, mais d’un besoin généralement senti, de l’intime conviction, que de la séparation demandée naîtrait  matériellement et moralement un bien-être immense.

 Leur demande, appuyée dé raisons on ne peut plus solides,  leur semblait ne devoir être combattue par personne, et ils » ont été fort étonnés de la voir attaquée par ceux-là même qui, se disant seuls éclairés, auraient dû par devoir joindre leurs efforts  à ceux des pétitionnaires.

 C'est pourtant ce qui a eu lieu; les membres du Conseil ii communal de Stembert résidant à Heusy, ont adressé à la  Chambre des Représentants, une protestation (voir notre n° 254) qui, nous ne craignons pas de le dire, décèle ou l' ignorance ou la mauvaise foi et l’hypocrisie du patriotisme.

Habitués à respecter l’autorité, alors même que ceux qui en en sont investis, ne s’en montrent pas dignes, nous n’avons, en remarquant les basses expressions, le style burlesque, en un mot le ton fort inconvenant des rédacteurs de la protestation, éprouvé  par la peine de voir des magistrats si haut placés malgré leurs faibles lumières, descendre si bas; nous ne relèverons donc dans cette protestation que la futilité des objections. 

En nous ne repremier lieu, nous ferons remarquer que les pétitionnaires n’ayant aucun intérêt à déguiser la vérité, ont  bien dit que quand ils étaient obligés de prendre leur route » par Verviers, ils avaient cinq kilomètres à parcourir pour se » rendre de Heusy à Stembert ce qui est exact; mais ils ont » confessé que le chemin direct n’était que de trois kilomètres.

Mais n’est-ce donc pas assez de cette distance pour justifier  leur demande de séparation, si on considère que de Heusy au » moulin de Mangombroux, il y a une descente rapide, et que » du moulin de Mangombroux à Stembert, le chemin s’élève  rapidement, est extrêmement pierreux et si étroit que la  rencontre d’une voiture met les voyageurs en péril, la  moindre charrette remplissant presque partout et entièrement » le chemin?

 Nous confessons que Heusy a sa représentation au Conseil;  mais quelle représentation Des magistrats (puisque magistrats il y a, manquant ou de patriotisme, c’est-à-dire de  dévouement pour leur localité, ou de lumières et partant  prêts à agréer tout ce qu’il plaît à Messieurs de Stembert de » proposer. 

Les électeurs de Stembert, supérieurs en nombre, » ont soin qu’il ne soit choisi à Heusy que de telles personnes.

De là cette harmonie tant vantée dans la protestation et  cette unanimité factice dans les décisions du Conseil.

 Pour vous donner un exemple de ce que nous avançons » ici, nous citerons un lait qui est connu de tout le monde : » M. Simonis ayant demandé d’englober dans ses propriétés un » chemin situé près de la ferme dite de Bausechamp, offrit de  remplacer ce chemin par l’embranchement qu’il a fait depuis, » aboutissant à son château, à la Route Royale de la Vesdre; il offrit de plus, ce qui n’a pas été fait, de prolonger cet  embranchement jusqu’à Heusy : c’était là un avantage  immense pour nous, une communication directe, facile aux  piétons et aux voitures, nous étant ouverte sur la dite route de la Vesdre; M. Simonis enfin voulait compléter ce bienfait par  un don de 50 fr. et l’entretien à perpétuité. 

  Le Conseil de » Stembert avait délégué M. Poumay assesseur, résidant à  Heusy, pour s’entendre avec le pétitionnaire. M. Poumay » accepte-les propositions de celui-ci, mais quand il fut question d’approuver ce qu’il avait fait et avait eu mandat de faire, les intérêts de Stembert le firent désavouer; on voulait de  l'argent et non la route.

   Poumay, en homme d’honneur,  donna sa démission; M. Simonis obtint sa demande de l’autorité supérieure et se borna à faire la partie de l’embranchement qui conduit à son château, en conservant le droit d’en fermer l'accès au public de la route de la Vesdre. 

   A-t-il donné de l'argent? nous ne le savons ; s’il en a compté, probablement qu'il aura tourné au profit de Stembert. En toute occasion, Stembert loin d’être une mère, n’est qu’une marâtre qui » dédaigne Heusy et l’exploite à son profit.

On a osé articuler dans la protestation que la demande en séparation était l’œuvre de quelques ambitieux qui n’ont pu réussir aux dernières élections.

 Magistrats résidant à Heusy, i» vous nous forcez de vous donner le plus formel démenti, et de vous renvoyer l’épithète de calomniateurs dont vous vous h cles si imprudemment servis; il est de toute fausseté que les signataires âient obéi à l’intrigue ; tous ont agi librement et en  pleine connaissance de cause et signeraient encore au besoin.

  Un seul peut-être a agi légèrement, celui-là qui redoutant le » courroux de Messieurs de Stembert, a voulu rétracter le  lendemain ce qu’il avait fait de plein gré, et signé la veille. 

 Dire que tous les habitants du village signent aveuglément, une absurdité, quand surtout on y remarque des noms tels que ceux de M. Simonis et des principaux habitants.

 Auteurs de la protestation, interrogez vos consciences et  elles vous répondront que vous avez manqué de ce patriotisme qu’il vous convenait si peu de vanter dans la circonstance ; interrogez tout Heusy, et vous reconnaîtrez forcément » qu'il n’y a pour ainsi dire qu’une voix pour l’érection de ce  village en commune.

On a dit encore que notre endroit ne pouvait subvenir au  traitement du desservant; c’est encore là nous ne dirons pas  un mensonge, mais une grave erreur; qu’on interroge le conseil de fabrique, qu’on interroge notre desservant lui-même, et l’on se convaincra du contraire, et quant aux prétendues côtes irrécouvrables, nous ne craignons pas  d’avancer qu’il y en a moins à Heusy qu’à Stembert.

  Un mot maintenant sur la protestation de certains habitants » de Mangombroux : il n’a jamais été question de réunir à  Heusy qu’une petite portion de ce hameau, tenant naturellement à notre village et qui en est beaucoup plus rapprochée  que de Stembert : aussi nous réservons-nous de prouver que » là notre demande a trouvé de l’écho parmi les principaux propriétaires ; nous prouverons en outre que la protestation  prétendue de Mangombroux, seule est l’œuvre de l’intrigue,  qu’elle a été signée par des étrangers ; grâce aux mouvements  que malgré sa jambe boîteuse, s’est donné certain personnage » dont l’influence sur le Conseil de Stembert est connue, ainsi  que ses opinions contraires au bien public ; enfin nous » démontrerons qu’à part cette portion de Mangombroux,  Heusy est bien fait pour s’appartenir et sortir de la sujétion  qui lui pèse depuis trop longtemps.

    Dans leurs textes complets ces documents sont plus éloquents que toutes les synthèses possibles et montrent à l’évidence à quel état aigu en étaient arrivées les relations entre Stembert et Heusy.

    Des démarches furent poursuivies dans tous les sens et sans interruption, tous les appuis furent sollicités en faveur de l’érection de la nouvelle commune de Heusy, et finalement les efforts de nos ancêtres furent couronnés de succès.

    Après les enquêtes administratives (i), le projet de séparation fut admis par le Conseil provincial de Liège en séance du i5 Juillet 1837, sur le rapport de M*. Jean-Evrard Arnoldy.

   Le 16 Novembre 1837 le projet fortement appuyé par MM. Demonceau et David-Fisbach était adopté à la Chambre des Représentants.
A son tour le Sénat, sur le rapport de Monsieur le Marquis de Rhodes, admis le projet d’érection du hameau de Heusy en commune en séance du 21 Décembre même année.
 Le Nouvelliste de Vevviers du 11 Mars 1837 rapporte qu’à l’enquête faite par le Conseiller Gouvy, délégué de la députation des Etats : « hommes, femmes, jeunes gens et mariés, ainsi que des habitants de Mangombroux étaient venus réclamer la séparation  avec Stembert et qu’il n’était resté à Heusy que les vieillards, les malades et les enfants.

  Enfin le 31 Décembre 1837, la loi votée par les Chambres légis­latives était sanctionnée par le Roi. Heusy était commune. 



Organltintlon de la nouvelle Commune.

    Les éléctions eurent lieu à Heusy, en Juillet 1838, pour l’élection des premiers Conseillers communaux et l’Administration fût installée le 8 Novembre même année.

  La nouvelle commune ne possédait en propriété aucun édifice public.  

    Dans les débuts, les séances du Conseil communal se tenaient comme disent les procès-verbaux à l’endroit désigné par Monsieur le Bourgmestre, le lieu choisi était souvent la demeure d’un des  Administrateurs.

    Remercier tous ceux qui avaient contribué à la formation de la commune de Heusy, telle fut la première et bien compréhensible pensée des nouveaux édiles.

  En séance du 6 Décembre 1838, à laquelle assistaient Messieurs Hanlet, Bourgmestre, Fassin, Dessart, Wasson, Damoiseau, Henri Nicolet et Thomas Delcour, conseillers, l’ordre dujour suivant, que nous croyons utile de reproduire, fut voté à  l’unanimité :
le conseil , considérant que Messieurs Gouvy, David, Grofils-Gérard , Jean Evrard, Arnoldy, Demonceau etDavid-Fisbach, ont concouru fortement au triomphe de la séparation de Heusy.

 1 ) Voici la loi votée :

art.1 - Le hameau de Heusy, dépendant actuellement de la commune de  Stembert, arrondissement de Verviers, province de Liège, est érigé en commune , distincte sous le non; de commune de Heusy. Le ruisseau de Mangombroux déterminera la limite des deux communes ..conformément  au plan annexé à la présente loi.

Art 2- Le cens électoral et le nombre des Conseillers à élire com­mune  de  Heusy, seront déterminés dans l'arrêté royal fixant le chiffre de sa population. Les états de classification des communes faits en exécution des articles 2, 4, et 7  de la loi communale du 3o Mars 1836 et annexé à I ‘arrêté   royal du 12 Avril suivant, seront aussi modifiés, s’il y a lieu, en ce qui concerne la commune de Stembert.

   Les quatre premiers en informant la  féputation permanente et le Conseil provincial, les deux  derniers la représentation Nationale du vrai état des choses, du vœu spontané des habitants et de la longueur et de l’impraticabilité des chemins qui vont de Heusy à Stembert, vote  par acclamation et à l’unanimité de bien justes remerciements  à ces hommes honorables comme une marque de reconnaissance de la nouvelle commune. 

  Le Conseil, considérant que » Messieurs les Sénateurs Baron de Schirvel, Dumon-Dumortier ont appuyé fermement la séparation près du Sénat, ainsi  que le Marquis de Rhodes, rapporteur de la Commission qui  avait examiné l’affaire, vote les mêmes remerciements à ces  Messieurs ainsi qu’à l’honorable M. de Biolley, Sénateur du district de Verviers, lequel a bien voulu informer le 22 Décembre 1837 les habitants de Heusy par une lettre adressée » au sieur André- Joseph Palla, de la sanction accordée le 21 du même mois à la chose dont il s’agit par le Sénat belge à la  majorité de 33 voix contre quatre.


 Le Conseil décide que le présent procès-verbal soit rédigé  et signé séance tenante.  (1)

Des difficultés de toute espèce se présentèrent d’abord : pas de locaux pour les services publics, pas d’argent; le tout à organiser : état-civil, écoles, bureau de bienfaisance, compta­bilité, etc.,  bref, toute la machine administrative à mettre en mouvement.
Il fallait également procéder au partage des archives entre Stembert et Heusy, ainsi que de la dette.
Le 17 Décembre 1838 et en conformité de la loi communale, le Conseil crée le Bureau de Bienfaisance et désigne comme membres de ce bureau :
MM. Damoiseaux, N., Conseiller.
Fassin, Pierre, id.
Morsomme, Curé.
Wasson, Echevin
Gathon, Henri-Jos., cultivateur.

(1)  Jusqu’en 1884 les procês-verbaux des séances furent signés par tous les Conseillers.

le 13 février i83o ce Bureau élit Receveur M. Bonjean victor olivier, décision approuvée par le Conseil communal.
Ie premier rapport déposé par le Collège échevinal en exécution a l'article 70 de la loi communale, date de 1839 et résume des mieux la situation de la nouvelle commune. 

Le voici :

Chemins communaux.

Un rôle pour la réparation et l’entretien des chemins vicinaux a été rendu exécutoire le 26 Juillet dernier par la Députation permanente . Ce rôle est en train d’exécution et tout porte à croire qu'il suffira pour remettre les chemins en état.

Comptabilité communale.

Les écritures de la comptabilité sont en ordre, les vérifications de la caisse se font régulièrement. Les recettes de la commune sont moindres que celles portées par prévision au budget

                             Edifices communaux
.
I              Il n'existe à Heusy aucun édifice communal. Il a été fait choix d'un local qui tient lieu de maison commune.

Etat-Civil et Population.

L'état-civil  est tenu régulièrement depuis le 8 Novembre |1838, époque de l’installation du Conseil, 51 actes ont été inscrits, sur les registres à ce destinés. Un échevin, M. Wasson, a été délégué aux fonctions d’Officier de l’Etat-Civil. Pour la rédaction  des actes, les formules imprimées transmises par Mr le commissaire d’arrondissement, sont suivies avec la plus grande exactitude. Il y  aussi depuis cette époque une variation dans la population de la commune qui n’est actuellement que de 715 personnes au lieu de 717 habitants, par suite de décès et changements de domicile