Avant 1837,
Heusy formait un hameau de la commune de Stembert, sa population était de 713
habitants.
A cette époque, les moyens de communication
n’étaient guère aussi faciles que de nos jours et pour se rendre à Stembert nos
concitoyens n’avaient que des ruelles mauvaises, tortueuses, en un mot mal
entretenues. Une de ces ruelles dite Chemin des Moi'ts existe encore
aujourd’hui et relie Mangombroux à Stembert.
Les
Heusytois se plaignirent d’être négligés par l’Adminis- tration de Stembert à
tous les points de vue : pour Heusy pas de travaux, pas de représentants
dévoués aux intérêts heusytois dans le Conseil communal ; trop grande aussi la
distance entre le hameau et le centre de la commune, d’où corvées pour les
habitants de Heusy et impossibilité pour les édiles de Stembert de bien
administrer. Bref, le besoin de l’indépendance se faisait sentir et une
campagne acharnée, tendant à faire ériger Heusy en commune, commença
immédiatement.
Des
incidents plutôt joyeux marquèrent la campagne de séparation : Un habitant de
Heusy, M. Devaux, s’était procuré un canon et plusieurs décharges furent
envoyées dans la direction de Stembert de l’endroit dit : Pré le Coo,
emplacement actuel de la villa de M. Trokay, rue Hodiamont.
Nous ne croyons pouvoir mieux faire, pour être
fidèles dans notre exposé et rendre exactement les idées d’alors, que de
reproduire textuellement les quelques pétitions envoyées au Roi et aux Chambres
législatives par Stembert et Heusy.
A sa Majesté le Roi des Belges.
Sire,
Le hameau de Heusy est une dépendance de la
commune de Stembert; cependant ce beau village est aujourd’hui d’une importance
telle qu’il mérite d’être élevé au rang de commune séparée... Voici, Sire, les
raisons à l’appui de ce que nous venons de vous exposer.
Heusy renferme une population de 566 âmes et de cent maisons agglomérées et en sus 179
âmes avec 3i maisons agglomérées, ce qui donne une population
au territoire de Heusy de 745 individus avec 131 maisons.
De plus, Heusy est distant du village de
Stembert de trois kilomètres, distance qui doit se faire par des chemins
mauvais et à peu près impraticables en hiver; de sorte que pendant les temps de
neige, il faut passer par Verviers, ce qui porte la distance à parcourir à cinq
kilomètres.
Heusy forme une agglomération d habitants sur
la Grand’- route de Verviers à Spa par Oneux et il a des limites naturelles
qui le séparent de Stembert en prenant pour ligne de démarcation le ruisseau de
Mangombroux comme il est indiqué au plan de la commune.
Heusy ayant partout de bonnes ccmmunications pour son
intérieur a le plus grand intérêt, Sire, d’être séparé de la commune de
Stembert; cet intérêt consiste à avoir dans son sein, son administration
municipale, intérêt qui devient tous les jours plus impérieux,
d’autant plus que Stembert a toujours la majorité des voix dans le Conseil
communal, ce qui nous a porté préjudice... Enfin, notre hameau étant érigé en
commune, les habitants ne seraient plus forcés de courir à Stembert, ni de
faire trois à quatre kilomètres de chemin pour ))
l’état-civil, les certificats de milice et de bonne conduite, les » changements
de domicile et enfin pour les moindres opérations » nécessaires, déplacements
et pertes de temps très onéreuK à )) nous artisans et cultivateurs.
)) Nous osons donc supplier Votre Majesté de proposer,
con- » formé ment aux articles 2 et 13
de la Constitution, une loi » pour amener l’érection du hameau de Heusy en
commune et » cela, avec d’autant plus de raison que les intérêts de Heusy » et
de Stembert sont tout à fait opposés, et que Heusy est déjà » commune sous le
rapport spirituel, Monseigneur l’évêque )) l’ayant érigé en succursale indépendante.
) Nous avons l’honneur d’être avec respect, Sire, de
Votre » Majesté,
Les très humbles et très
obéissants serviteurs.
Heusy, le 6
Septembre 1836
(Suivent les signatures au nombre de 140).
L’accord ne
fut pas unanime, en ce qui concerne le quartier de Mangombroux notamment.
Poussés par l’idée de la contradiction, aiguillonnés peut-être par Stembert,
ou convaincus à tort du préjudice que pourrait causer leur séparation de Stembert,
les habitants du dit quartier envoyèrent aux Chambres une réclamation conçue en
termes très vifs à l’égard de Heusy. Voici la teneur de cette pétition :
Les
habitants de Mangombroux, hameau dépendaiit de la commune de
Stembert, district de Verviers,
province de Liège,
A Messieurs les Membres de la Chambre des Représentants, à Bruxelles.
Messieurs,
Appliqués
exclusivement à la culture de nos terres et à la » gestion des affaires
domestiques, ne lisant jamais les jour- » naux, nous n’avons été instruits que
par ouï dire de la pétition » que les habitants du hameau de Heusy, dépendant
de la » commune
de Stembert ci-dessus, ont adressé à Sa Majesté » sous la date du 6 Septembre présente année, pour obtenir que » conformément aux articles 2 et 3 de la Constitution une loi » soit proposée pour amener l’érection de leur
hameau en commune séparée ayant leur administration particulière; notre »
intention n’est pas de critiquer leurs démarches; mais ce que » nous réprouvons
hautement, ce qui nous paraît de toute » illégalité, ce que nous considérons
comme une atteinte portée » à la liberté individuelle et collective des
habitants de Mangombrouxt, c’est qu’ils se soient arrogés le
pouvoir arbitraire de nous comprendre dans le cercle de la commune
imaginaire dont ils ont joint le tableau à leur pétition, et cela sans notre )» assentiment.
Que les habitants de Heusy aient des raisons pour solliciter » l’érection de
leur hameau en commune, quoique nous ne le i» pensons pas, peu importe. Pour
nous, qui, par notre position »» géographique sommes aussi éloignés de Heusy
que de Stem- i) bert, nous n’avons aucune ra'son de chercher à faire partie de cette commune de nouvelle fabrique, et encore moins de
nous h charger de charges locales
plus élevées que celles auxquelles h nous sommes assujettis, et qui nous sont
déjà très onéreuses,
Sans avoir en compensation
le moindre avantage, et unique ment pour faire plaisir à une partie de
Messieurs les habitants de Heusy en donnant à leur hameau par notre réunion, l’air d’une population nombreuse.
Nous ajoutons,
qu’habitués avec nos administrateurs, dont nous n’avons pas à nous plaindre, nous ne voulons pas
courir la chance d’ètre soumis à d’autres magistrats, dont, peut-être, nous aurions moins lieu
d’être satisfaits.
Nous laisserons les
habitants de Heusy gémir seuls des charges de leur nouvelle administration, comme ils le
font dejà du surcroit
de dépenses que leur cause l’érection de leur vicariat en chapelle indépendante et resteront de
préférence m attachés à la commune mère.
En conséquence, en cas que la pétition des
habitants de Hcusy soit prise
en considération, nous
prenons, Messieurs, lu respectueuse liberté
de vous adresser par la présente notre protestation
formelle contre notre réunion à la future commune de
Heusy, de vous manifester notre résolution va riable de
continuer à faire partie de la commune de Stembert et nous osons espérer que, vu les raisons ci-dessus
déduites, plus
consciencieux que les habitants de Heusy, vous ne nous enserrez
point contre nos vœux, dans le cercle d’une com mune à
laquelle nous ne voulons pas appartenir.
C’est ce que
nous attendons de votre justice étant avec » respect, Messieurs, vos très
humbles et obéissants serviteurs. »
(Suivent 3o signatures).
Non seulement Mangombroux protesta, comme la lettre ci-dessus le
démontre, mais les adversaires de la séparation parvinrent à faire leurs
partisans les conseillers communaux de Stembert résidant à Heusy et diverses
autres personnes de notre commune.
Voici le texte
de la protestation qu’ils envoyèrent à Bruxelles :
Les soussignés, membres du Conseil communal de Stembert, demeurant à Heusy, même commune et
principaux propriétaires y domiciliés,
A Messieurs les Membres de la
Chambre des Représentants,
à Bruxelles.
Messieurs,
Ayant eu, par
l’organe du Journal de Verriers,
connais- » sance de la pétition d’une grande partie des habitants de » Heusy,
hameau dépendant de la commune de Stembert, )) arrondissement de Verviers, province de Liège, adressée à » Sa
Majesté, sous la date du 14 Septembre dernier, tendante à » obtenir la
séparation du dit hameau de la commune de Stem- )) bert et son érection en commune indépendante et ayant mûre- » ment
réfléchi sur les suites la plupart défavorables qui » entraînerait une pareille
séparation, nous nous croyons en » devoir, tant pour notre propre intérêt que
pour celui des bénévoles signataires de la dite pétition, qui séduits par les i)
vains clinquants d’une rhétorique fallacieuse, ont de trop » bonne foi avalé la
pilule qu’on a eu soin de leur dorer,
Sans prévoir toute l’amertume qu’elle pourrait renfermer, de vous
notifier notre opposition solennelle au vœu énoncé dans » la dite pétition et
pour vous donner autant que le comportent » nos faibles lumières, la mesure de
l’attention que cette pièce » mérite de votre part nous nous permettons de
relever tout ce » qu’il y a d’inexact dans les raisonnements sur lesquels les »
signataires de cette péiition ont essayé de l’étayer.
D’abord : La distance de Heusy à Stembert n’est pas de 5 kilomètres comme il est dit, mais de trois tout au plus.
2° Les chemins de Heusy à Stembert ne sont impraticables que quand
ils le sont partout et les exemples bien rares qu’on » pourrait apporter de
cette impraticabilité, formerait tout au n plus une exception et non pas une
règle; de sorte que dans » les cas ordinaires ceux de Heusy ne passent par
Verviers pour n aller à Stembert que quand cela leur fait plaisir, ou qu’ils y
» ont intérêt.
3° ïl est encore moins vrai que, dans les élections, Stembert ait
toujours la majorité des voix et que Heusy ait à se plaindre de la partialité de l’administration pour
Stembert a son détriment. On ne peut donner une preuve plus certaine de la fausseté de cette assertion qu’en démontrant l’égalité du partage des magistrats selon la population des endroits respectifs de
l’époque du 14 Juillet dernier : Stembert le plus peuplé avait dans son sein le bourgmestre deux conseillers
et un assesseur; Heusy,
beaucoup moins peuplé que Stembert,avait cependant trois conseillers et un assesseur; Mangomhroux avait un conseiller.
Nous ajoutons que lors des élections du 14 Juillet dernier, le Bureau a suivi exactement les instructions reçues
pour n humer
le nouveau Conseil communal et pour preuve plus n «tutlientique
de la parfaite harmonie qui règne dans le conseil d’administration,
nous dirons sans crainte d’ètre m
démentis que, depuis la Révolution, toutes les
délibérations du Conseil ont été signées
unanimement, ce qui atteste hautement
la parfaite harmonie qui y règne et dément l’insnuation calomnieuse de
l’espèce de servage dans lequel Stembert tiendrait Heusy.
Dans cet exposé fait en toute conscience nous croyons » pouvoir vous assurer,
Messieurs, qu’il n’y a pas grand chose » de vrai, ni même de vraisemblable dans
la fameuse pétition dont il s’agit, qui n’est pas le vœu
unanime des habitants du hameau de Heusy, mais celui d’une fraction des
habitants du dit lieu, qui encore pour la plupart éblouis par l’auréole d’un bien-être futur dont la certitude ne repose sur rien, ont apposé
leur signature sans trop savoir de quoi il était » question.
Cette pétition n’est en dernière analyse que l’œuvre de quelques individus
qui, chatouillés par l’ambition, altérés de cette soif que cause le désir de
la domination, ayant eu la » douleur de se voir déboutés dans les dernières
élections » malgré les ressorts de toute espèce qu’ils ont fait mouvoir pour
s'élever à la magistrature, voudraient, en désespoir de » cause, trouver dans
l’érection d’une nouvelle commune une » chance plus heureuse qui les consolât
de leur déconfiture.
C’est
pour cela qu’ils persuadent à qui veut les écouter que les charges de leur nouvelle commune seraient moins lourdes que celles qu’ils
portent à présent, tandis que le plus gros bon sens montre évidemment le
contraire et fait voir clairement que si à présent Heusy est l’endroit de
la commune où il se trouve régulièrement le plus de côtes irrécouvrables,
s’il était laissé à lui-même en dépit de l’horoscope séduisant qu’on lui
tire, il ne tarderait pas à succomber sous Je faix ce qui se » voit déjà quant
à son chapelain transféré en desservant, auquel » il a tant de peine de trouver
par an la modique somme de » trois cents francs.
D’après tout ce que dessus, nous osons espérer, Messieurs, que vu l’opposition des habitants de Mangombroux à la dite séparation, qui
vous est déjà parvenue et celle que pour le bien-être même de nos
co-habitants, nous osons vous faire parvenir, vous ôterez le
masque de patriotisme dont l’ambition » se couvre ; qu’en conséquence et pour
satisfaire au vœu de la portion la mieux sensée des habitants de
Heusy, vous écarterez une pièce enfantée par l’intrigue, dictée par la
soit de h dominer et signée
sans mûr examen.
Dans cette
attente nous sommes avec respect, Messieurs, vos très humbles et
dévoués serviteurs.
La polémique
continu et le 4 Novembre 1836
le Nouvelliste de Verriers publiait une réponse à tous les arguments développés
par les adversaires de la séparation.
Cette lettre est signée J. Toq et, André-Jos. Palla, André Wasson, trois heusytois de vieille roche.
Nous la
transcrivons littéralement :
Guidés par de paissantes considérations d’intérêt public, les habitants de Heusy se sont adressés en masse et unanimement au gouvernement de Sa Majesté pour obtenir une loi d’érection de leur beau village en commune.
Cette démarche » n'a été ni le produit d’une
impulsion étrangère, ni de l’intrigue, ni de l’ambition, mais d’un besoin
généralement senti, de l’intime conviction, que de la séparation demandée
naîtrait matériellement et moralement un bien-être immense.
Leur demande,
appuyée dé raisons on ne peut plus solides, leur semblait ne
devoir être combattue par personne, et ils » ont été fort
étonnés de la voir attaquée par ceux-là même qui, se disant seuls éclairés,
auraient dû par devoir joindre leurs efforts à ceux des pétitionnaires.
C'est pourtant ce
qui a eu
lieu; les membres du Conseil ii communal de Stembert résidant à Heusy, ont adressé à la Chambre des
Représentants, une protestation (voir notre n° 254) qui, nous ne
craignons pas de le dire, décèle ou l' ignorance ou la
mauvaise foi et l’hypocrisie du patriotisme.
Habitués à
respecter l’autorité, alors même que ceux qui en en sont investis, ne
s’en montrent pas dignes, nous n’avons, en remarquant les basses
expressions, le style burlesque, en un mot le ton fort inconvenant des rédacteurs de la
protestation, éprouvé par la peine de voir des magistrats si haut placés malgré leurs faibles
lumières, descendre si bas; nous ne relèverons donc dans cette protestation que la futilité des objections.
En nous ne repremier
lieu, nous ferons remarquer que les pétitionnaires n’ayant aucun intérêt à
déguiser la vérité, ont bien dit
que quand ils étaient obligés de prendre leur route » par Verviers, ils avaient
cinq kilomètres à parcourir pour se » rendre de Heusy à Stembert ce qui est
exact; mais ils ont » confessé que le chemin direct n’était que de trois
kilomètres.
Mais n’est-ce donc pas assez de cette distance pour justifier leur demande de
séparation, si on considère que de Heusy au » moulin de Mangombroux, il y a une
descente rapide, et que » du moulin de Mangombroux à Stembert, le chemin
s’élève rapidement, est extrêmement pierreux et si étroit que la rencontre
d’une voiture met les voyageurs en péril, la moindre charrette remplissant
presque partout et entièrement » le chemin?
Nous confessons que Heusy a sa représentation au Conseil; mais quelle représentation Des magistrats (puisque magistrats il y a, manquant ou de patriotisme,
c’est-à-dire de dévouement pour leur localité, ou de lumières et partant prêts à agréer tout ce qu’il plaît à Messieurs de Stembert de » proposer.
Les
électeurs de Stembert, supérieurs en nombre, » ont soin qu’il ne soit choisi à
Heusy que de telles personnes.
De là cette harmonie tant vantée dans la protestation
et cette unanimité factice dans les décisions du Conseil.
Pour vous donner un exemple de ce que nous avançons » ici, nous citerons un
lait qui est connu de tout le monde : » M. Simonis ayant demandé d’englober
dans ses propriétés un » chemin situé près de la ferme dite de Bausechamp, offrit de remplacer ce chemin par
l’embranchement qu’il a fait depuis, » aboutissant à son château, à la Route
Royale de la Vesdre; il offrit de plus, ce qui n’a pas été fait, de prolonger
cet embranchement jusqu’à Heusy : c’était là un avantage immense pour nous, une communication directe, facile
aux piétons et aux
voitures, nous étant ouverte sur la dite route de la Vesdre; M. Simonis enfin
voulait compléter ce bienfait par un don de 50 fr. et l’entretien à
perpétuité.
Le Conseil de » Stembert avait délégué M. Poumay assesseur,
résidant à Heusy, pour s’entendre avec le pétitionnaire. M. Poumay »
accepte-les propositions de celui-ci, mais quand il fut question
d’approuver ce qu’il avait fait et avait eu mandat de faire, les intérêts de Stembert le firent désavouer; on voulait de l'argent et non la route.
Poumay, en homme d’honneur, donna sa démission; M. Simonis obtint sa demande de
l’autorité supérieure et se borna à faire la
partie de l’embranchement qui conduit à son château, en conservant le droit d’en fermer l'accès au public de la route de la
Vesdre.
A-t-il donné de l'argent? nous ne le savons ; s’il en a compté, probablement qu'il aura tourné au profit de
Stembert. En toute occasion, Stembert loin d’être une mère, n’est qu’une
marâtre qui » dédaigne Heusy et l’exploite à son profit.
On a osé articuler dans la protestation que la demande en séparation était
l’œuvre de quelques ambitieux qui n’ont pu réussir aux dernières élections.
Magistrats résidant à
Heusy, i» vous nous forcez de vous donner le plus formel
démenti, et de vous renvoyer l’épithète de
calomniateurs dont vous vous h cles si imprudemment servis; il est de toute
fausseté que les signataires âient obéi à l’intrigue ; tous ont agi
librement et en pleine connaissance de cause et signeraient encore au besoin.
Un seul peut-être a agi légèrement, celui-là qui redoutant le » courroux de Messieurs de Stembert, a voulu rétracter le lendemain ce qu’il avait fait de plein gré, et signé la
veille.
Dire que tous les habitants du village
signent aveuglément, une absurdité, quand surtout on y remarque des noms tels que ceux de M. Simonis et des principaux habitants.
Auteurs de la protestation, interrogez vos consciences et elles vous répondront que vous avez manqué de ce patriotisme qu’il vous convenait si peu de vanter dans la circonstance ; interrogez tout Heusy, et vous reconnaîtrez
forcément » qu'il n’y a pour ainsi dire qu’une voix
pour l’érection de ce village en commune.
On a dit encore que notre endroit ne pouvait subvenir au traitement du desservant; c’est
encore là nous ne dirons pas un mensonge, mais une grave erreur; qu’on interroge le conseil de fabrique, qu’on interroge notre desservant
lui-même, et l’on se convaincra du contraire, et quant aux prétendues côtes irrécouvrables, nous ne craignons pas d’avancer qu’il y en a moins à Heusy qu’à Stembert.
Un mot
maintenant sur la protestation de certains habitants » de Mangombroux : il n’a
jamais été question de réunir à Heusy qu’une petite portion de ce hameau,
tenant naturellement à notre village et qui en est beaucoup plus rapprochée que de Stembert : aussi nous réservons-nous de prouver que » là notre demande
a trouvé de l’écho parmi les principaux propriétaires ; nous prouverons en
outre que la protestation prétendue de Mangombroux,
seule est l’œuvre de l’intrigue, qu’elle a été signée par des étrangers ;
grâce aux mouvements que malgré sa jambe boîteuse, s’est donné certain
personnage » dont l’influence sur le Conseil de Stembert est connue, ainsi que ses opinions contraires au bien public ; enfin nous » démontrerons qu’à
part cette portion de Mangombroux, Heusy est bien fait pour s’appartenir et sortir de la
sujétion qui lui pèse depuis trop longtemps.
Dans leurs
textes complets ces documents sont plus éloquents que toutes les synthèses
possibles et montrent à l’évidence à quel état aigu en étaient arrivées les
relations entre Stembert et Heusy.
Des
démarches furent poursuivies dans tous les sens et sans interruption, tous les
appuis furent sollicités en faveur de l’érection de la nouvelle commune de
Heusy, et finalement les efforts de nos ancêtres furent couronnés de succès.
Après les
enquêtes administratives (i), le projet de séparation fut admis par le Conseil
provincial de Liège en séance du i5 Juillet 1837, sur le rapport de
M*. Jean-Evrard Arnoldy.
Le 16
Novembre 1837 le projet fortement appuyé par MM. Demonceau et David-Fisbach
était adopté à la Chambre des Représentants.
A son tour le Sénat, sur le
rapport de Monsieur le Marquis de Rhodes, admis le projet d’érection du hameau
de Heusy en commune en séance du 21 Décembre même année.
Le Nouvelliste de Vevviers
du 11 Mars 1837 rapporte qu’à l’enquête faite par le Conseiller Gouvy, délégué
de la députation des Etats :
« hommes, femmes, jeunes gens et mariés, ainsi que des habitants de Mangombroux
étaient venus réclamer la séparation avec Stembert et qu’il n’était resté à
Heusy que les vieillards, les malades et les enfants.
Enfin le 31
Décembre 1837, la loi votée par les Chambres législatives était sanctionnée
par le Roi. Heusy était commune.
Organltintlon
de la nouvelle
Commune.
Les éléctions eurent lieu à Heusy, en Juillet 1838, pour l’élection des premiers Conseillers communaux et l’Administration fût installée
le 8 Novembre même année.
La nouvelle commune ne possédait en propriété aucun édifice
public.
Dans les débuts,
les séances du Conseil communal se tenaient comme disent les procès-verbaux à l’endroit désigné par Monsieur le Bourgmestre, le lieu choisi était souvent la demeure d’un des Administrateurs.
Remercier
tous ceux qui avaient contribué à la formation de la commune de Heusy, telle fut la première et bien compréhensible pensée des nouveaux édiles.
En
séance du 6 Décembre 1838, à laquelle assistaient Messieurs Hanlet, Bourgmestre, Fassin, Dessart, Wasson, Damoiseau, Henri Nicolet et Thomas Delcour, conseillers, l’ordre dujour suivant, que nous croyons utile de reproduire, fut voté à l’unanimité :
le conseil , considérant que Messieurs Gouvy, David, Grofils-Gérard , Jean Evrard, Arnoldy, Demonceau et David-Fisbach, ont
concouru fortement au triomphe de la séparation de Heusy.
1 ) Voici la loi votée :
art.1 - Le hameau de Heusy, dépendant actuellement de la commune de Stembert, arrondissement de Verviers, province de Liège, est érigé en commune , distincte sous le non; de commune de Heusy. Le ruisseau de Mangombroux déterminera la limite des deux communes ..conformément au plan annexé à la présente loi.
Art 2- Le cens électoral et le nombre des Conseillers à élire commune de Heusy, seront déterminés dans l'arrêté royal fixant le chiffre de sa population. Les états de classification des communes faits en exécution des articles 2, 4, et 7 de la loi communale du 3o Mars 1836 et annexé à I ‘arrêté royal du 12 Avril suivant, seront aussi modifiés, s’il y a lieu, en ce qui concerne la commune de Stembert.
Les quatre premiers
en informant la féputation permanente et
le Conseil provincial, les deux derniers
la représentation Nationale du vrai état des choses, du vœu spontané des
habitants et de la longueur et de l’impraticabilité des chemins qui vont de
Heusy à Stembert, vote par acclamation
et à l’unanimité de bien justes remerciements
à ces hommes honorables comme une marque de reconnaissance de la
nouvelle commune.
Le Conseil, considérant que » Messieurs les Sénateurs Baron
de Schirvel, Dumon-Dumortier ont appuyé fermement la séparation près du Sénat,
ainsi que le Marquis de Rhodes,
rapporteur de la Commission qui avait
examiné l’affaire, vote les mêmes remerciements à ces Messieurs ainsi qu’à l’honorable M. de
Biolley, Sénateur du district de Verviers, lequel a bien voulu informer le 22 Décembre
1837 les habitants de Heusy par une lettre adressée » au sieur André- Joseph
Palla, de la sanction accordée le 21 du même mois à la chose dont il s’agit par
le Sénat belge à la majorité de 33 voix contre quatre.
Le Conseil décide que le présent procès-verbal
soit rédigé et signé séance
tenante. (1)
Des difficultés de
toute espèce se présentèrent d’abord : pas de locaux pour les services publics,
pas d’argent; le tout à organiser : état-civil, écoles, bureau de bienfaisance,
comptabilité, etc., bref, toute la
machine administrative à mettre en mouvement.
Il fallait également
procéder au partage des archives entre Stembert et Heusy, ainsi que de la
dette.
Le 17 Décembre 1838 et en conformité de la loi communale, le Conseil
crée le Bureau de Bienfaisance et désigne comme membres de ce bureau :
MM. Damoiseaux, N.,
Conseiller.
Fassin, Pierre, id.
Morsomme, Curé.
Wasson, Echevin
Gathon, Henri-Jos.,
cultivateur.
(1) Jusqu’en 1884 les
procês-verbaux des séances furent signés par tous les Conseillers.
le
13 février i83o ce Bureau élit Receveur M.
Bonjean victor olivier, décision approuvée par le Conseil communal.
Ie
premier rapport déposé par le Collège échevinal en exécution a l'article 70 de
la loi communale, date de 1839 et résume des mieux la situation de la nouvelle
commune.
Le voici :
Chemins communaux.
Un
rôle pour la réparation et l’entretien des chemins vicinaux a été rendu
exécutoire le 26 Juillet dernier par la Députation permanente . Ce rôle est en
train d’exécution et tout porte à croire qu'il suffira pour remettre les
chemins en état.
Comptabilité
communale.
Les
écritures de la comptabilité sont en ordre, les vérifications de la caisse se
font régulièrement. Les recettes de la commune sont moindres que celles portées
par prévision au budget
Edifices communaux
.
I
Il n'existe à Heusy aucun édifice communal. Il a
été fait choix d'un local qui tient lieu de maison commune.
Etat-Civil et
Population.
L'état-civil
est tenu régulièrement depuis le 8 Novembre |1838, époque de l’installation
du Conseil, 51 actes ont été inscrits, sur
les registres à ce destinés. Un échevin, M. Wasson, a été délégué aux fonctions
d’Officier de l’Etat-Civil. Pour la rédaction
des actes, les formules imprimées transmises par Mr le
commissaire d’arrondissement, sont suivies avec la plus grande exactitude. Il
y aussi depuis cette époque une
variation dans la population de la commune qui n’est actuellement que de 715
personnes au lieu de 717 habitants, par suite de décès et changements de
domicile