mardi 28 mars 2017

les moulins





  Le moulin banal de Verviers 


Le moulin est dit banal, non parce qu'il est commun, mais parce qu'au Moyen Age, les paysans de tout le "Ban " étaient obligés par le seigneur de venir moudre à ce moulin, moyennant un droit de mouture, versé au seigneur sous forme de farine farine
   


    Remacle Detrooz, qui écrivait au dernier quart du XVIIIe siècle, rapporte que « le moulin qui peut moudre par année 1.000 mesures de grain et davantage, est de la plus haute ancienneté. 

   Cependant on l’a placé seulement dans l’endroit où il est aujourd’hui l’an 1123 : le vieux moulin venait d’être presque tout détruit par le feu du ciel et l'on jugea à propos d’en changer l’emplacement parce qu il était trop loin de la ville, savoir à peu de distance de l’ancien pont situé au passage des Romains.

   Son canal que l’on voit toujours en partie venait se rendre près du pont de Sommeleville et descendait par la rue des Raines vis- à-vis de la montagne appelée « les Tèyes» (Les Tailles). 


   Detrooz se garde bien de dire dans quel document il a trouvé la date de 1123 : elle est donc fort sujette à caution! Pour ce qui concerne l’emplacement du premier moulin banal, comme aussi le tracé du canal du moulin, on trouve quelques détails assez précis dans une petite brochure parue à Verviers, en 1895, et attribuée à deux publicistes verviétois, Cardol et Debouny : « Avant 1123 (date de la construction du second moulin, d’après Detrooz), le moulin banal du prince était situé à l’endroit appelé « Au Chat » (fabrique Simonis, rue de Limbourg). 

   Le canal du moulin, d’une longue étendue, venait déverser ses eaux dans la Vesdre en aval du pont d’Andrimont (rue Renier). Ce canal, de construction irrégulière et défectueuse (coulant à ciel ouvert), formait des flaques d’eau où croassaient les grenouilles (en wallon, dès mines).

   De là, probablement, le nom de la rue des Raines. Ce canal existe encore, il a été prolongé jusqu’au pont du Chêne, par la suite. » 

  Quand ce prolongement du canal du moulin fut-il exécuté? Dans la première décennie du XVe siècle, à ce qu’il semble, c’est-à-dire quand les premières fouleries de drap furent construites à Verviers. 

  A ce propos, J. S. Renier observe que le canal du moulin se prolongeait jusqu’au Grand Werixhas (place du Martyr actuelle) puisqu’une foulerie « derrière le Rhein » se trouve citée dans un record local de 1459, et même jusqu’à la rue du Marteau où, en 1473, une usine à battre le fer était transformée en foulerie, selon un autre record local. 

   A son tour, Jules Peuteman écrit dans son « Esquisse de F Histoire de Verviers» : «Une dérivation naturelle de la Vesdre, naissant en-deçà des Couvalles, fut assez tôt disciplinée et, coulant entre des murs de quai, forma vis-à-vis de Sècheval, une petite Batte, rappelant la grande sœur liégeoise. 

  Ce canal baigna, à partir de 1340, une chétive construction destinée à l’hébergement des pauvres voyageurs et pèlerins; puis, après avoir actionné la roue du moulin banal, il allait rejoindre la « mère-eau », proche le pont du Chêne actuel, non sans s être prêté à diverses petites industries, notamment à cette forge dont la rue du Marteau conserve heureusement le souvenir. » 

   C’est seulement en 1323 que les archives parvenues jusqu’à nous font état de l’existence du second moulin banal de Verviers, c’est-à-dire après que Godefroid d’Andrimont eût inféodé son franc-alleu noble à Adolphe de la Marck, prince-évêque de Liège, lequel le lui rendit en fief, en y ajoutant le moulin banal de Verviers. 

   Toutefois, le prince se réservait la faculté de racheter le dit moulin banal moyennant 400 livres de petits tournois, somme qui devait, éventuellement, être appliquée à l’achat de biens-fonds situés dans la châtellenie de Franchimont, à joindre au stock-fief. 

  Après Godefroid d’Andrimont, se succédèrent dans la possession de la seigneurie d’Andrimont et du moulin banal de Verviers, d’abord, en 1333, Goffin, fils du dit Godefroid, puis, pour très peu de temps, Colart de Louveigné et Herman de Bergstraeten.

    En 1339, le chevalier Werner de Merode acquit de la veuve de ce dernier la seigneurie d’Andrimont, la maison forte et le moulin banal de Verviers. Ses deux fils, Werner VII et Rikalt I lui succédèrent au toparchat d’Andrimont. Après eux, le moulin banal suivit désormais les destinées de la seigneurie. Il se trouve toujours cité comme une appartenance du fief. 

  Pourtant, en 1540, lorsque Herman de Ghoor est investi du fief d’Andrimont, il est fait état de ce qu’on avait voulu séparer le moulin banal de Verviers de la seigneurie ». Il n’empêche qu’au relief du 19 février 1550, Henri de Ghoor, fils iu précédent, acquit « la seigneurie d’Andrimont avec le moulin banal de Verviers, ainsi que son père les tenait ».

 
Situé en contrebas et au nord de la butte où se dressait l’antique église paroissiale Saint-Remacle et à l’emplacement du marché couvert, ex  Poste de Police, le moulin banal de Verviers était actionné i la fois par les eaux d’une dérivation de la Vesdre amenées par le canal du moulin, et aussi par le ruisseau de Sècheval se déversant dans le canal un peu en amont du moulin. 

  Bâtiment d’utilité publique construit par le prince de Liège, les habitants en avaient l'usage contre une redevance en nature. Pour éviter qu:ils ne s'adressent à un autre moulin, moins éloigné ou plus avantageux, les surcéants de Verviers et d’Ensival étaient soumis à l’obligation de se servir exclusivement du moulin de Verviers. 


  Cette contrainte était faite sous peine d’amende et de saisie de la mouture et du cheval. La banalité du moulin de Verviers s’étendait sur le territoire d’Ensival, mais pas sur celui de Stembert. 

  En 1652, année qui suivit l’érection de Verviers en « bonne ville » de la principauté, Ensival posséda son moulin propre.

  Devenu très tôt partie intégrante de la seigneurie d’Andrimont, le moulin banal de Verviers fut donné en location par les seigneurs de l’endroit à des particuliers. 

 Ainsi, on voit, le 1er septembre 1589, Herman de Ghoor, rentré d’un voyage en Italie, ratifier la location du moulin banal de Verviers faite par sa tante Marie de Ghoor, dame de Donstienne, en faveur de Noël et Collard Poncelet, enfants de Noël Poncelet, de Theux. Au XVIIe siècle, les anciens moulins de Theux et de Verviers étaient affermés par des baux d’une durée de six ans. 

  Parmi les quelques documents verviétois du XV siècle parvenus jusqu’à nous figure un record délivré par les échevins de la cour de justice de Verviers aux habitants de l’endroit, ainsi qu'aux Ensivalois, touchant le statut du moulin banal. Comme on sait, d’après la Coutume du pays de Liège, le record consistait à invoquer le souvenir des anciens habitants qui avaient connaissance de tel ou tel fait mémorable. 

  Quand les membres de la Cour de justice l’attestaient, cette preuve était irréfutable. C’est ainsi que le dixième jour du mois de fenal 1446, à la requête de « tous les massuiers surcéants en laditte ville de Vervier et d’Ensivaux, mollans au mollin de Vervier, par une main et d’un consent » demandant à la Cour de Vervier un « vraye record » pour tous leurs droits au moulin de Vervier, il y est fait droit en ces termes : « Disons et recordons, sçalvons et wardons iceluy mollin de Vervier estre banal, dedens lequel mollin y doit avoir moulnier et warlet juré et sermenté; wardons lesdits massuiers mollans le leur lequelle warlet serat tenus aller quérir le massuier mollant a son eaue... Item en après, sçalvons et wardons que ledit moulnier doit mollir au saizième et bien et deuement warder le mollin l’autre surplus. Item a peine d’amende mollin, sçalvons et wardons que ledit moulnier serat tenus delle détenir plain et que les mollant s le trouvent plain et aussi le doivent laisser plain. Item, en après sauvons et wardons que ledit mollin y doit avoir stier, quarts et demy quarts et poulnoux saylez, lesquelles mesures un moulnier doit apporter a chaque plaix général de l’an, devant nous ladite Court, pour icelles visitez; et semblablement sera tenues ledit moulnier de servir lesdits massuiers mollans dudit mollin de vanes, de regge, de tamis et de toutes autres redevabilitez a un moulin banal appartient a savoir... Item sçavons et wardons que le bolengiers ne doivent avoir quune fornée devant le massuyer mollant, sy ce n’est donc par le gré et volonté desdits massuiers que tant est ce lesdittes fornées de par un bolenger molue, ledit masuier doit et deverat jouir dudit mollin et moure a son plaisir, et ainsi les uns après Vautre sans fraude ny malengin, hem, après salvons et wardons que s’il advenoit en temps futur que nul des massuiers mol- lans apportast blez ou avoine audit mollin et s’il advenoit que dedans trois jours après laditte bled ou avoine audit mollin, et après celluy trois jours expirez, le masuier pourra et deverat s’il luy plaist, saditte bled ou avoine reprendre et aller moure autre parte là il luy plairat, saines rien meffaitz audit moulnier... .S’y est tenues un moulnier dudit mollin chacun an envers nous laditte Court demy muid de moulture; laquelle présent record rendîmes a notre millieur sens, selon et que aprins et usé l’avons de noz prédécesseurs devantrains et aile correction de nostre chief nos seigneurs les Eschevins de Liège... 

 Comme on peut voir, la redevance due au meunier pour la mouture des grains correspondait au 16e du grain moulin, soit 6,25 %. 

  En 1464, au moulin banal de Theux, la redevance était identique à celle due par les masuirs de Verviers : « de saize setiers un, de saize polnoux un ». 

  Le grain était mesuré et non pesé. Par un privilège des princes de Liège, les Franchimontois étaient autorisés à acheter et à sortir de Liège le grain nécessaire à leur consommation. Par ailleurs, s’il était interdit de vendre de la farine au Franchimont, l’on pouvait, sous certaines conditions, y vendre des pains venus des pays voisins. 

  Aux périodes de grande sécheresse, quand le moulin était arrêté par manque d'eau, les habitants étaient autorisés à faire moudre leurs grains ailleurs Pepinster, Polleur, Dolhain, Val Dieu). 

  Le 20 mars 1671, les bourgmestres de Verviers sollicitaient du prince-évêque Maximilien-Henri de Bavière l’autorisation d’ériger, dans leur ville, une halle aux grains. Ils faisaient valoir que la ville devait tirer de l’extérieur le grain nécessaire à la subsistance des habitants, qu’il n’existait à Verviers aucun édifice convenable pour mettre à l’abri les voituriers et les marchandises et que, d’autre part, la petite étendue du marché était occupée par les bouchers. 

  Les bourgmestres envisageaient de construire une halle couverte. près du moulin banal, et d’y installer au-dessous les boutiques des bouchers. Pour se procurer les ressources nécessaires, les bourgmestres sollicitaient du prince l’octroi d’établir « un mesureur assermenté » pour surveiller les grains étrangers, avec le droit d’exiger deux liards pour chaque setier. Le prince accéda à cette demande et fixa les amendes ra encourraient les contrevenants (Conseil Privé, Dépêches, reg. 31, P 363). 


seule vue trouvée du moulin et du pont du viel hôpital ?)


moulin du chêne (n'était pas un moulin banal)



   Le moulin banal et les fouleries de Stembert et Heusy 

   Réservé à l’usage des habitants de Stembert et de Heusy, ce moulin était un fief princier relevant de la Cour féodale de Liège. 

   Son origine est fort ancienne. On sait qu’à la première moitié du XIVe siècle, il était tenu par Jehan dit Grand Jehan, de Limbourg, citain de Liège, dont le testament, en date du 29 avril 1334, figure dans le « Cartulaire de l’abbaye de Saint-Jacques, à Liège. 

   Ce même personnage est signalé au « Livre des fiefs du marquisat de Franchimont » comme ayant relevé, le 4 avril 1323, quinze journaux de terre et deux cours (établissements agricoles), à Stembert, lui venant de feu Henri dit Malenge de Stembert, cité en 1269 comme mayeur de la Cour de Justice de Verviers (Tihon, Fiefs, S.V.A.H., IV, p. 480).

   D’après un record des échevins de la Cour de justice de Theux remontant au 26 octobre 1369 et dont nous devons la communication à notre collègue Paul Bertholet, le droit était reconnu au tenant du moulin banal de Stembert, dit de Sècheval, d’aller couper tous les bois nécessaires à son moulin dans les forêts du Franchimont. 


La redevance à acquitter pour l’exercice de ce droit était d’un demi-muid de mouture au profit du prince de Liège, en la personne de son châtelain à Franchimont (Cour de Theux, reg. aux bannissements, n° 252, f° 330, A.E.L.). Ce document présente quelques difficultés. En effet, le moulin de Sècheval à Stembert se situait sur le territoire du ban de Verviers et non pas sur celui du ban de Theux, mais il en était tout proche.

   Par ailleurs, les banicoles de Verviers n’avaient droit dans les forêts du Franchimont qu’au seul mort bois et pas à tous les bois, comme spécifié au dit record.

  Ce document, conservé aux archives de l’Etat, à Liège, se trouve annexé à une requête, en date du 17 décembre 1700, adressée par le receveur du Franchimont, F. C. Micheroux, à la Cour de justice de Theux, l’informant de ce que le tenant du moulin, dont le nom n’est pas cité, « se vante d’avoir droit d’aller couper tous les bois qui sont nécessaires à son moulin dans les forêts du Franchimont»; pour lequel privilège, il acquitte annuellement à la recette du prince « quatre setiers de mouture ». 

  C’est pourquoi, le receveur Micheroux prie la Cour de lui donner record et attestation de ce qu’elle sait, de ce qui a été pratiqué de tout temps, comme aussi ce qu’en ont dit ses prédécesseurs. Le 20 décembre 1700, vu la requête et le record y joint, les échevins de Theux déclarent et attestent « de ne savoir et n’avoir appris de nos prédécesseurs que le droit, que doit avoir le moulin de Sècheval pour avoir bois dans les forêts de Franchimont mentioné par ledit record et daté de l’an 1369, le 26e d’octobre, ajet esté en usage... ». 

  En 1425, des surcéants de Heusy contestèrent à Thomas de Stembert, maïeur de la Cour de justice de Verviers, son droit de banalité sur le moulin de Sècheval. Le litige fut porté devant la Cour des échevins de Liège. Au vu des déclarations de plusieurs surcéants du ban « tous de bone fâme et entendement », et après examen, délibérations et considérations, le 31 août 1425, la Cour rendit son jugement. 

  Elle maintenait Thomas de Stembert dans le droit de banalité du moulin de Sècheval et déclarait celui-ci lui appartenir comme, avant lui, ses ancêtres « depuis des temps qu’il n’était de mémoire d’homme ». Ce droit de banalité obligeait les Stembertains, aussi bien que les Heusytois, à faire moudre leurs grains au moulin du « maître du moulin » et leur défendait d’aller ailleurs, sous peine de « perdition et confiscation du cheval au seigneur, et de la farine au moulnier, et telle amende que loy poroit assigner ».

    Entre 1479 et 1505, un octroi autorisa l’établissement d’une foulerie en dessous du moulin de Stembert, au lieu dit « Formonfosse », à proximité de
l' endroit où le ruisseau de Sècheval s’engouffre sous terre, autrement dit « à l'Agolina ».

    En 1520, Lambert Collar cède à son frère Jehan la moitié du quart de la foulerie de « Formonfosse ». Vingt ans plus tard, Jehan Ka, de Mangombroux-Heusy, possédait l’entièreté de cette foulerie qu’il vendit, le 18 juillet 1541, à Jehan de Stembert dit « le greffier ». Toujours sur le ruisseau de Sècheval, en aval, mais à proximité immédiate du moulin, une autre foulerie fut construite. On la trouve citée en 1555, 1556, 1574 et 1603.

 
Georges d'Autriche
Le 2 mai 1552, le prince de Liège, Georges d’Autriche, accordait à Jehan de Souxhie, de Vaux-sous-Olne, un octroi pour établir un coup d’eau et un moulin à farine sur le ruisseau de Mangombroux, au lieu dit « Floba », sur les biens de Jehan Ka. moyennant le payement annuel d’un chapon et de six deniers forts. 


  Le possesseur du moulin banal de Stembert s’opposa à l’érection de ce moulin à farine. En justice, Jean Ka perdit le procès mais, comme on peut s’en rendre compte, la construction édifiée par Jean Ka fut affectée à l’usage de foulerie. 

  La preuve en est que l’on voit, le 16 décembre 1610, certain Jean Brier, demeurant à « Floba » céder « la douzième part de la foulerie érigée sur le vieux moulin de « Floba ».

   De même, le 16 octobre 1611, Remy Pirotte, de Stembert, vend à Jean Lagache douze heures par semaine de la foulerie érigée sur le moulin de Jean Ka, à « Floba ». 

  Peu après avoir perdu son procès, Jean Ka, qui avait adhéré au luthéranisme, ; expatriait et se rendait à Francfort. Revenu, l’année suivante au pays pour y réaliser ses biens, il fut arrêté et emprisonné à Liège. 

   Fort heureusement pour lui, la Chambre impériale de Spire rendit un jugement en sa faveur, le 23 août 1558. Il était encore en liberté, à Liège, en 1562.  Après quoi, il retourna finir ses jours au Palatinat rhénan.

  Après la mort de Jehan de Stembert, dit le greffier, arrivée le 10 octobre 1605, sa veuve, Clémence de l’Espée, réalisa certains biens censaux que possédait son mari à Mangombroux-Stembert. Quant au fief " du greffier " situé dans le même secteur, il fut relevé le 30 mars 1618 par Bertholet Martin, de Stembert, sans qu’il soit donné aucun détail sur la composition de ce fief. 

   Au long des siècles, le moulin banal de Stembert et de Heusy demeura aux mains des Stembert jusqu’à la fin de l’Ancien Régime. Les deux fils de Lambert-François A. J., chevalier de Stembert, dernier haut-voué de Verviers, et de Marie-Josèphe de Grady de Horion, son épouse, c’est-à-dire les chevaliers Henry Joseph et Lambert Marie de Stembert, époux successifs d’Elisabeth Walburge de Fisenne, étant décédés sans laisser de descendance, les biens qu ils possédaient à Stembert, parmi lesquels l’antique manoir ancestral des Stembert, ainsi que le moulin banal de Sècheval, passèrent aux de Grady. 

  C’est ainsi que, le 13 mars 1794, la communauté des habitants de Stembert acquit, de Henry de Grady, la propriété du dit moulin, ainsi que trois pièces de terre joignantes, moyennant le payement d’une rente annuelle de 945 florins, plus trois autres redevances dont le moulin était chargé assavoir : 

1) huit muids d’épeautre à l’abbaye de St. Gilles, à Liège;

2) un setier de fleur de farine ainsi que six carpes, le tout évalué à 10 florins, à verser à la même abbaye; 

3) 32 sous ou environ revenant à la Mense épiscopale de Liège. 

  Le 21 Thermidor de l’an X (9 août 1802), la commune de Stembert demanda à Henry de Grady, ci-devant baron de Chavagne, domicilié à Jemeppe, canton de Marche, de pouvoir lui rétrocéder le moulin de Sècheval.

  Elle faisait valoir que les habitants qui avaient participé à l’acte d’achat ne s’étaient pas rendu compte de l’importance des redevances affectant le moulin. Par ailleurs, les autorités communales de Stembert excipaient que, depuis la suppression de la banalité, le produit du moulin était inférieur à la rente annuelle de 945 florins, de sorte que, depuis huit ans, la dite rente n’avait plus été payée, sans parler des trois redevances valant, elles, 305 florins l’an. 

  En réponse, Henry de Grady proposa aux Stembertains de reprendre le moulin contre le payement de 3.000 florins, à acquitter par 600 florins à la passation de l’acte de vente, puis, pendant quatre années consécutives par, chaque fois, 600 florins.
     Quant au moulin, il se trouvait être en très mauvais état. Une restauration complète s’imposait, mais, pour y pourvoir, une autorisation gouvernementale était nécessaire.

   En attendant, la commune fut autorisée à traiter avec Henry de Grady, les conditions faites s’avérant avantageuses pour la commune (Archives Nationales à Paris, référ. F.3.III.Ourte.3. Aimable communication de Paul Bertholet). 

   Comme il résulte de ce document, la communauté des habitants de Stembert assuma la charge de l’exploitation du moulin de Sècheval  à laquelle s’avéra déficitaire — de 1794 à 1802. D'après ce que rapporte Arthur Fassin : « Le sieur Beaupain eut charge de percevoir les droits de mouture. On l’accusa d’avoir soustrait une partie des fonds reçus; il démissionna. L’année suivante, on supprima le charretier et le cheval que la commune entretenait au service du moulin. 

  Ils absorbaient à eux deux tous les bénéfices. Le prix de mouture fut fixé à 10 liards le setier, excepté pour l’avoine taxée à deux sous. Le mercredi et le samedi, on égrugeait les blés et celui qui en apportait à soumettre à cette opération devait envoyer « un domestique » pour aider le meunier. La même année 1794, un Valentin loue le moulin banal pour 500 florins Brabant payables à la Toussaint. 

  Deux ans après, cet immeuble fut restauré, grâce au maire Wathelet et à Bouxha, ex-bourgmestre. » Au dernier quart du XIXe siècle, le moulin de Stembert, à Sècheval, était devenu propriété de la famille Simonis, de Verviers, qui le mettait en location. 

   Aux environs de 1888, le locataire du moulin se trouvait être Jean-Pierre Koos, meunier de profession, né à Malmedy (Prusse) le 20 janvier 1855, époux de Marie-Catherine Huberty, née à La Reid, le 15 mai 1866. 

  A cette époque, le degré d’usure des meules du moulin servait de base à la fixation du montant du loyer. Vers 1890, Jean-Pierre Koos acquit le moulin de Sècheval avec ses dépendances, et environ un hectare de pré y attenant, le tout pour la somme de 27.000 francs. 

  Au décès de son père, en 1915, Albert Koos reprit l’exploitation du moulin. En 1945, la force motrice hydraulique fut définitivement abandonnée, le vieux moulin de Sècheval, sept fois centenaire, avait vécu...







   Le moulin banal d’Andrinont 

  Dès le XIVe siècle, il existait dans la seigneurie d’Andrimont et sur le ruisseau de Dison, un moulin banal comportant maison, jardin, moulin, assise avec bief et vivier, ainsi que deux prés dénommés l’un le Wilhonpreit, plus tard Wyonpré, et l’autre, le Vivier. 

  Pour le distinguer du vieux moulin de Dison situé plus en amont sur le même ruisseau, le moulin banal d’Andrimont était appelé le Neuf moulin. 

  Ainsi que le moulin banal de Verviers, le Neufmoulin appartenait au seigneur d’An drimont et relevait de la Cour féodale de Liège. A ce titre, le Neufmoulin se trouve cité comme une appartenance des seigneurs d Andrimont : Werner de Merode en 1339, Gilles de Serezé en 1380, Thierry de Welkenhuyse (Welchenhausen) en 1404 et Henri de Bombaye en 1480. 

  Sous les successeurs de ce dernier, le prince de Liège sépara le neufmoulin de la seigneurie d’Andrimont. Désormais, le moulin releva directement de la Cour féodale de Liège. 

  A la fin du XV° siècle, on trouve les Groulard, de Jalhay, possesseurs de certains droits sur le Neufmoulin. Au siècle suivant, en 1572, le meunier au Neufmoulin était Polet de Comblain lequel acquit, le 10 juillet 1590, le moulin des mains de Jean Groulard et de Bertrand Louys. 

  Quelques années plus tard, le 12 août 1596, la veuve de Henri de Comblain cédait à Henri Toussaint de Mollin le moulin banal d Andrimont dit « Noumollin », aux mêmes conditions que son mari l’avait acquis. Henri Toussaint de Mollin appartenait à une famille de meuniers lu pays de Herve. 

 Né lui-même au moulin del Vaulx sous Herve, vers 1560. il tenait dès avant 1587 le moulin de Houlteau. 

  En 1596, en s'établissant au Neufmoulin, il liait les destinées de sa descendance au moulin banal d’Andrimont. La remarquable généalogie à la fois très : fouillée et clairement exposée des de MOLLIN, de MOULIN, qu’a publiée Pierre Hanquet dans ses « Portraits Verviétois », évoque les heurs et les malheurs des six générations qui dirigèrent le Neufmoulin et y vécurent l’espace de près de deux siècles.

   En avril 1756. au décès de Nicolas- Joseph de Moulin, dernier représentant mâle de sa branche, Anne-Marie de Moulin, sa sœur, entra en possession du moulin. Avec son mari, Pierre Haar, de Hodimont, elle dirigea le moulin pendant une vingtaine d'années. A leur décès, en 1779, le Neufmoulin passa à leurs trois neveux Haar. 

  D’après J. S. Renier, le moulin fut transformé par après en foulerie. Le 2 janvier 1858, la commune d’Andrimont fut saisie d’une demande, émanant de la commune de Dison, tendant à obtenir la cession du quartier dit Neufmoulin, situé tout contre l’agglomération Disonaise et relié à Andrimont par deux rues passant, l’une par Dison, l’autre par Verviers. 

 La commune d’Andrimont rejeta cette demande; puis, le 10 juin 1859, consentit à l’annexion par Dison de 8 hectares 29 ares 63 centiares, sous la condition du versement d’une redevance annuelle et perpétuelle de 750 francs et de la prise en charge par Dison de tous les frais de séparation. Une loi du 29 février 1860 approuva la délimitation du territoire ainsi cédé.

revenons sur le moulin banal de Stembert

Le moulin banal de Sècheval 

  Origine du moulin banal 

Le Moulin banal de Sècheval est mentionné pour la première fois dans un document du 9 août 1334.

   Le testament de Grand Johan de Limbourg, brasseur à Liège, mentionne le legs au couvent de Robermont d'une rente de "10 muids de spelt" à prendre sur le moulin condit de Sèchevaux, sis entre Stembert et Hoizeur. Ou peut donc dater ce moulin du début du XlVème siècle et le situer le long du ruisseau de Sècheval sur le territoire du ban de Verviers à proximité de la limite entre celui-ci et le ban de Theux. 

  Il constituait un fief princier relevant de la Cour féodale de Liège et réservé à l'usage des habitants de Stembert et de Heusy. Les moulins les plus importants (comme celui de Verviers) étaient construits par le prince-évêque qui les faisait gérer par la chambre des Comptes. D'autres moulins moins rentables comme le moulin de secheval étaient octroyés à des particuliers enrichis, moyennant le paiement d'une rente annuelle, en argent et/ou en nature : le cens. 

  Au XlVme siècle, il en existait quatre de ce type au pays de Franchimont : Sart, Jalhay, Spixhe et Polleur. C'est probablement d'avantage l'éloignement par rapport au moulin de Verviers qu'une brusque augmentation de la population qui explique l'installation d'un moulin particulier au vallon de Mangombroux. 

  Contrairement aux moulins du prince qui étaient loués aux enchères publiques, les moulins particuliers ou censaux payaient donc à la Mense Épiscopale une contribution variable selon leur importance. Dans le cas qui nous concerne, le cens de 24 deniers forts pour le droit de banalité et de quatre stiers de mouture à remettre au jour de Noël au receveur de la châtellenie de Franchimont pour l'assiette et les installations du moulin. 

  Le propriétaire devait en outre nommer un meunier assermenté. Pour ce faire, les propriétaires de moulins censaux louaient les outils au plus  offrant, le plus souvent pour un 'stuit (bail) de neuf ans. 

  Le meunier payait une rente et était généralement responsable de tous les travaux d'entretien.Il était obligé de  servir les clients dans l'ordre où ils se présentaient et dans les trois jours, sinon les surcréants  avaient le droit d'aller faire moudre leur grain à l'extérieur de la banalité. 

  Il devait en outre utiliser des mesures dont les modèles étaient déposés à la  Cour de Justice.  


   Par contre, la banalité du moulin (quel que soit son statut)lui assurait le monopole de la mouture, et les habitants de Stembert et de Heusy étaient donc obligés d'y faire moudre tout leur grain sous peine de confiscations pénibles et d'amendes importantes.

   D'autres obligations variaient d'un moulin à l'autre : dans le cas qui nous occupe, les habitants de Stembert et Heusy devaient entretenir le bief eux- mêmes. 

  Pour sa peine, le meunier prélevait une partie de la mouture pour son profit personnel; habituellement, ce prélèvement était d'un seizième. Ce droit de mouture paraît aujourd'hui bien contraignant, mais le broyage du blé à la main était extrêmement dur, et les paysans préféraient souvent payer une redevance pour faire effectuer le travail.

Quoi que situé sur le territoire du ban de Verviers, le moulin de Sècheval disposait sur les bois de Franchimont de droits plus étendus que les autres banicoles de Verviers, comme l'indique un record des échevins de Theux de 1369 :

L'an mil trois cent et soixante-neuf, le vingt sixième jours en mois d'octobre fut fait récordé et recognu. Les droitures que le mollin de Seicheval doit avoir ens forest de boix de Franchimont, Item ont récordé les Eschevins de la haulte court de Theux par pleine siette et par semonce de notre Mayeur que quant il faut des boix pour mettre enthour le mollin de Seicheval, en quelque manière que ce soit, que il doit venir premièrement au chastellain de Franchimont demander et requérir tels boix me faut-il, s'il ne trouvoit le chastellain il doivent venir au mayeur de Theux requérir et demander tels boix me faut. Si le dit Chastellain ou le Mayeur ont tant de fiance en forestier que il envoient il y doit aller et faire tant de luivrer de leurs boix qu'il faudroit au dit mollin a détenir et s'y le dit forestier n'y voulloit aller dont y doit aller le Mayeur de Theux à tout deux Eschevins faire de luivrer que dit est par desseur par leurs frais payant suf­fisamment et parmy ce payement le dit moüin à Monsieur de Liège héritable- ment demi-muid de moulture au Chastellain de Franchimont telle moulture que les Eschevins Warde, et suivent présentement Wüheaume fil Henroiet Mayeur pour le temps, Anthone Delle Waitrigne, Goffin de Vervier, facques Maret, Andri Braquet, fean Thonnart, Laurent fil Henroiet, et Henry Hennus, Eschevins delle dite court fait le jour delle datte desseur dite. 

    Le tenant du moulin avait donc le droit d'aller couper dans les forêts de Franchimont tous les bois nécessaires au fonctionnement du moulin, et ce contre paiement d'une rente d'un demi-muid de mouture au châtelain de Franchimont, au profit du Prince de Liège. 

   Les autres banicoles de Verviers n'avaient droit qu'au bois mort. Le moulin fut acheté en 1425 par Thomas de Stembert, soit à Jean de Heusy, soit à Colart, fils de dame Olke de Stembert. Thomas de Stembert était un personnage influent puisqu'il était également mayeur de la Cour de Justice de Verviers depuis 1405. 

   Des surcéants de Stembert et Heusy ne tardèrent pas à contester la bana­lité du moulin, s'appuyant sur le fait que les meuniers ne prêtaient pas serment et allèrent donc faire moudre leur grain à l'extérieur de la banalité.

   Le différend fut porté par Thomas de Stembert devant la Cour de Justice de Verviers dont on ne connaît pas la sentence, puis devant les échevins de Liège qui lui donnèrent finalement raison le 31 août 1425.

   Ils déclarèrent, après avoir entendu les témoins prescrits par la coutume, que ‘le moulin a appartenu à lui et à ses ancêtres depuis si longtemps qu'il n'y a mémoire du contraire’ et que la banalité du moulin était prouvée par la pratique non contestée de ce privilège et par la reconnaissance de cette qualité lors des plaids généraux. 

  Les plaignants durent donc continuer à faire moudre leur grain au moulin banal et à curer le bief qui l'alimentait. En compensation du curage, le meunier leur accordait une gratification (le 'wasteal de moulnier'). 

 A la mort de Thomas de Stembert en 1433, le moulin fut probablement cédé à deux fils, Jean I de Stembert et Thomas le Maire de Stembert qui héritèrent : d'une moitié chacun. 

   Il fut reconstruit en 1522 à une période où il était géré par Léonard le Moulnier, beau-frère de Thomas de Stembert. Quatre ans plus tard la moitié du moulin est présentée en garantie d'un prêt contracté par Jean De Stembert
 auprès de Pirot Blancheteste, bourgmestre de Limbourg, afin de rentrer possession définitive de la seigneurie de Villers-Bilstain, acquise une première fois en 1522.

    L'autre moitié du moulin, cédée à Thomas le Maire de Stembert à la mon de son père, passa à son fils Thomas de Stembert aussi appelé Thomas de Hauzeur du nom du hameau de Chameux où il s'était installé. 

  Ce dernier décéda en 1506 et sa part du moulin passa à son fils Laurent dit de Hodimont qui s'associa avec Lambert le Moulnier et entra rapidement en conflit avec lui.

   La mort de Jean (II) de Stembert survenue en 1522 fit passer la première moitié du moulin dans les mains de son fils Jean (III), né en 1500. 

  La majorité n'intervenant alors qu'à 25 ans, c'est son co-indivisaire Laurent de Hauzeur qui assura la gestion de leur bien commun. Entre 1523 et 1526, le meunier était Antoine le Moulnier et cette fois, c'est le Prince-Evêque qui intenta contre lui et Laurent de Hauzeur une action en justice : les mesures utilisées (stier, demi-stier et quart de stier) n'étaient plus conformes.

   A la mort de Laurent de Hauzeur survenue en 1530, c'est son gendre Jean Mathieu de Hauzeur, dit le Maire de Herve, qui devint ‘héritier, possesseur et gouverneur’ du moulin avec Jean de Stembert. Les droits respectifs des deux co-indivisaires furent précisés dans un jugement du 13 juin 1541.

   A cette époque, le moulin était grevé d'une rente de 5 stiers d'épeautre en faveur de l'église de Jalhay. Les périodes de crue et d'étiage du ruisseau de Mangombroux rendaient parfois le fonctionnement du moulin aléatoire. Jean de Stembert demanda et obtint donc du receveur de Franchimont Gilles Malherbe un octroi de coup d'eau pour installer un vivier en amont du moulin et avoir ainsi un bassin de retenue.

   De son côté, Jean Mathieu de Hauzeur possédait toujours des terres à Herve en indivision avec ses deux frères André et Henry. Ces terres étaient grevées de certaines obligations financières envers le chapitre de Saint-Denis à Liège et il semble que les trois frères éprouvaient certaines difficultés pour y faire face, ce qui força Jean Mathieu de Hauzeur à obliger sa part du moulin et ses autres biens héritables. Ces difficultés ne furent surmontées qu'en 1546, date à laquelle Jean Mathieu de Hauzeur et Jean de Stembert rentrèrent définitivement en possession de leur bien. 

  Ils sont mentionnés comme héritiers du moulin dans tous les documents de justice postérieurs. Deux ans plus tôt, le meunier Colet était décédé et son fils Gros Jehan reprit le moulin avec ses frères aux mêmes conditions que précédemment : ‘touchant les paiements cotidiens a eulx paitenans des moultures que gaigne ledit molin tant suyvant le contenu des cirograffes comme daut(ie)s marches (...) sans toucher a certain pan de muraille que lesdits héritiers ont depuis certaines anees fait erigeit a leur despens quy est hors le contenu du cirograffe (...)’. 

  Pour l'occasion, les propriétaires du moulin exigeaient une caution qui fut versée par Henry Johan Mecusin de Stembert leur beau-père et Bertollet le Marissal leur serorge. 

Période de troubles 

  En mars 1552, Jean de Stembert porta plainte contre Jehan Ka au sujet d'un pré situé en Sècheval, sans qu'il fût donné davantage de précisions quant à l'objet exact du conflit. Le mois suivant, les accusations se précisèrent après une Visitation' demandée par le même Jean de Stembert au cours de laquelle il avait été constaté que Jehan Ka, sur son héritage, avait établi un biez avec coup d'eau détournant le ruisseau de Sècheval de sa course naturelle. Ce biez avait pour but d'alimenter un autre moulin, construit à la même époque par Jehan Ka au lieu-dit Floba et qui contrariait donc l'alimentation du moulin banal tout en contrevenant gravement à sa banalité. 

  Mais qui était donc ce Jehan Ka qui osait ainsi défier à la fois les lois du pays de Franchimont et un des personnages les plus influents de la magistrature verviétoise ? 

  Jehan Ka, frère de Thomas le Gecteur, était né au début du siècle (probablement avant 1515 puisqu'il était marié en 1535) et possédait plusieurs biens le long de la rive gauche du ruisseau de Sècheval. 

  En 1539, il habitait à Verviers, 'en la Rualle' puis il fit construire une maison qui, transformée après sa mort, est aujourd'hui revenue la ferme Doyen. Ses activités étaient à la fois agricoles et commerciales. Le 7octobre 1540, il s'associa avec Bertelemy de Heusy pour acquérir la foulerie de formonfosse et le coup d'eau qui la faisait fonctionner. L'année suivante, il la revendit à Jean de Stembert, dit 'le greffier'. En 1541, on le mentionne dans une affaire de 'charriages d'acier' avec Bertrand Barheau46. Jehan Ka est mentionné comme meunier du moulin banal en 1544.


  Il désirait construire sur ses terres, à proximité du moulin banal et en amont de celui-ci, un autre moulin à destination semblable. Les travaux commencèrent probablement au début de l'année 1552, mais Jehan Ka avait besoin d'un octroi du prince-évêque. Il s'associa pour ce faire à Jean Danthine dit de Souxhie, ancien bourgmestre de Liège et originaire de Vaux-sous-Olne, qui avait obtenu le 2 mai 1552 du prince-évêque Georges d'Autriche un octroi pour ériger un moulin à fari­ne sur les héritages de Jehan Ka, et qui en avait obtenu la reportation du receveur Jehan de Presseux :

Georges dautriche par la grâce de Dieu Evecque de Liege duc de Bouillon Comte de Loz marquis de Franchimont,
    A tous ceulx quy ces p(rése)ntes L(ettr)res verront et orront, salut.

Scavoir faisons que aians recupt la supplication de fohan de Souxhey dit danthin- ne contenant que sur les heritaiges de fehan Ka scitués entre Heusier et Stembert près de Vervier seroit dintencion de ediffier et eriger ung molin a farinne ce que ne voulroit et nozeroit presumer de faire sans ce préalablement avoir obtenu n(ot)re congé Licence et consentement expres en nous humblement supliant pour Icellui Est-il pource que nous Incline favorablement a sadite requeste pour aucuns res- pectz a ce no monnans avons audit fohan Danthinne ses hoires ou action aiant dautant que en nom est octroie accorde et consenti comme octroions accordons et consentons par cestes de pouvoir sur lesdits héritages ediffier et eriger ung moullin a farine et joyr du cop deaue a son prouffit et commodité comme bon luy semblera pourveu touttefois que ce ne soit au preiudice dommaige et Interrestz des circum- voisins Leurs terres preis ou aucunes autres uzinnes et moulins au dessus ou des- soubz A nous on a noz subiectz appartenans m(ar)my aussy que ledit fehan ses successeurs possesseurs ou action de luy aians seront tenus sur ledit mollin de Recognoistre et paier a nous nos successeurs (Evecques) de Liege heritaublement chaque an ung chappon louable et six deniers fortis de cens annuel es mains de n(ot)re recepveur de lieu par icelui en faire registracion et en rendre compte aux gens et auditeurs de n(ot)re chambre des comptes dont le premier terme echerra au Jour Sainct andry prochain venant et aussy dan en an Auquel recepveur p(rése)nt mandons en luy donnant plain pouvoir et autorité de en n(ot)re nom (syavant que requis y soit) faire œuvres de Loy pardevant la justice de resort desdits héritages dudit cop et course deaue au prouffit dudit fehan Danthinne ses hoires ou action aiant aux condicions que dessus et a ses despens Ordonnons pource et comandons a tous noz officiers subiectz et autz quelconques que audit fehan ses co(...) et successeurs laissent et seuffrent en la manniere que dit est paisiblement joyr et uzer de n(ot)re présente grâce et course deaue sans luy faire ni souffrir estre fait aucun destourbier ou empeschement au contraire Car ainsy nous plaist-il.


     Cet octroi est étonnant dans la mesure où le prince-évêque, ou à tout le moins les responsables de la Chambre des Comptes, devaient savoir qu'il existait déjà un moulin banal. 

    Les réserves qu'il émet ne concernent pas la banalité, mais des questions classiques de débit, d'inondations, etc... La rente exigée est loin d'être excessive et la protection accordée à la fin de l'octroi est semblable à celle accordée pour d'autres coups d'eau. 

   Le nouveau moulin de Floba était alimenté par un bief ‘nouvellement faict tout au travers des comoignes du ban de vervier’ et provoqua donc la plainte de Jean de Stembert. La Cour de Justice de Verviers se saisit de l'affaire et exigea de Jean de Stembert qu'il produise tout d'abord les documents établissant les privilèges de son moulin. Jehan de Stembert fut reconnu 'bien fondé' dans sa plainte le 6 juillet 1552. 

  Mais entre temps, il semble bien que le moulin de Floba avait commencé à fonctionner : on trouve en effet trace d'une plainte portée par Jean de Stembert, Jean Mathieu de Hauzeur et le Gros Jehan le Moulnier contre Bertelemy de Heusy, (associé à Jehan Ka dans la foulerie de Formonfosse) coupable selon eux d'avoir fait moudre son grain autre part qu'à son moulin banal.

    Le 27 juillet suivant, Jean dé Souxhie reporta officiellement le coup d'eau à Jehan Ka devant les échevins de Verviers. En contrepartie, Jehan Ka et Ernotte de Herve, meunier de Cerexhe, s'engageaient à prêter à Jean De Souxhie une somme de cent dallers (Jean de Souxhie avait entamé à cette époque d'importants travaux dans une minière à Barchon dont il espérait tirer du plomb). 

   Le 28 juillet 1552, Jehan Ka reporta en faveur des communs pauvres de Verviers un stier de mouture bon grain à prendre chaque année à la Saint-André sur le moulin de Floba, et ce pour compenser le passage de son bief à travers les 'comoignes' de Verviers. 

  Jehan Ka ne répondit pas aux premiers 'ajournements' de ses adver¬saires, mais les attaques reprirent de plus belle le 7 décembre 1552 : Jehan de Stembert et son associé ne demandaient ni plus ni moins que la destruction de la venne et du bief alimentant le moulin de Floba ainsi que la démolition du moulin de Floba lui-même ‘pour autant quil fait farine’. 

  Ce fait fut attesté en mai 1553 dans un rapport très détaillé des échevins de Verviers : Jehan Ka avait détourné une partie du débit du ruisseau de Sècheval au moyen d'un bief neuf qui en outre traversait des terres perméables. Il avait aussi commencé à creuser un bassin de retenue en amont de son moulin. Le débit utilisable par le moulin banal était donc moindre et irrégulier puisqu'il était fonction de l'ouverture ou de la fermeture des vannes de Floba.


Jehan Ka ne réagit pas et organisa même la contre-attaque en septembre 1553 : Bertelemy de Heusy porta plainte à cette date contre Gros Jehan le Moulnier, meu­nier du moulin banal, l'accusant de ne pas avoir respecté ses engagements (‘deservir les masuiers (...) et mouldre ch(ac)un a son tour come a ung molin banal apartient’) et lui intima de prêter le serment du meunier. Il est possible que l'état du moulin banal (qui, comme on le verra plus loin, était lamentable) ne permettait plus de servir les habitants de manière convenable, ce qui aurait permis au moulin de Floba de fonctionner malgré la banalité. 

Gros Jehan le Moulnier fut peu après accusé par ses propres employeurs d'avoir toléré que certains habitants de Stembert et Heusy aillent faire moudre leur grain autre part qu'au moulin banal sans les faire comparaître en justice.

 Le meunier avait en effet la latitude de ne pas poursuivre les surcéants délinquants : ‘le conducteur de tel moulin banal peut délaisser la requeste de telle appréhension (...) à cause de ce qu’il peut choisir (...) plus grande doulceur et amiabilité’.

 Gros Jehan fut remplacé sur le champ par un certain Collette, et comme toujours en pareil cas, la publication en fut faite par le sergent de ville 'à l'issue de messe', afin qu'aucun des habitants de Heusy et de Stembert ne puisse ignorer que le moulin était à nouveau en état de desservir ces deux vil­lages et que par conséquent, ils étaient à nouveau obligés d'y faire moudre leur grain, habile moyen de leur rappeler que le moulin de Floba était illégal ! 

  La Cour de Justice de Verviers annula l'octroi, puis l'affaire passa devant le Conseil Privé où Jehan Ka fut finalement débouté.

Mais le remplacement du meunier ne satisfaisait pas Jean de Stembert. C'est à titre personnel (et donc pour sa seule moitié du moulin) qu'il attaqua en justice Gros Jehan, l'accusant de ne pas avoir entretenu le moulin comme il le devait et lui réclamant 80 stiers de mouture pour son accense locale de trois ans. Les deux tiers de la somme due étaient à payer dans les huit jours .

 On ne trouve aucune trace d'une plainte semblable de la part de Jean Mathieu de Hauzeur.

La concurrence entre les deux moulins semble avoir causé un tort considérable au moulin banal qui, soit par l'incurie de son meunier soit à cause de problèmes financiers, vit son état empirer jusqu'à la fin de l'année 1554. Le 29 décembre, à la demande des habitants de Stembert et Heusy, les échevins de la Cour de Justice de Verviers visitèrent le moulin et le déclarèrent en très mauvais état : les rives du che­nal s'étaient écroulées en divers endroits, le toit était pourri, sans parler de l'état des roues et des meules. Comme toujours en pareil cas, les propriétaires du moulin se retournèrent contre leur meunier qui était responsable de l'entretien.

  Des travaux furent probablement entrepris assez rapidement car une seconde visitation eut lieu le 21 avril 1555. Dans leur rapport, les échevins déclarèrent alors que les ‘pierres et tournons ouvrages’ étaient en assez bon état. Par contre, les ‘paroiz et couvertures’ n'étaient toujours pas réparées, ni entretenues comme il se devait. De plus, les échevins n'avaient pas trouvé sur place le valet qui aurait dû s'y trouver. Deux visitations supplémentaires, effectuées l'une en juillet de la même année et l'autre le 16 août, furent pourtant demandées l'une par les propriétaires du moulin (en juillet) et l'autre par Henri Pirar, porte-parole des habitants de Stembert et Heusy (15 août 1555).

Après une année 1554 étonnamment calme, les deux propriétaires du moulin banal reprirent l'offensive au début de 1555. Ils firent effectuer quelques travaux bien nécessaires et se mirent à attaquer systématiquement tous les clients du mou­lin de Floba; tout en réclamant des échevins verviétois le droit de faire arrêter les meuniers qui contreviendraient encore à la banalité de leur moulin, lançant ainsi l'offensive finale contre Jehan Ka et son moulin privé.

Jehan Ka, de son côté, s'était entre temps converti au calvinisme. Ses démêlés avec l'autorité civile et religieuse constituent selon certains la plus extraordinaire aventure judiciaire des protestants franchimontois. Ne voulant pas risquer d'être arrêté comme hérétique et exilé à vie, il avait quitté le ban de Verviers en 1553 ou 1554 pour aller vivre à Francfort, une ville que fréquentaient de nombreux drapiers verviétois et où il acquit le titre de bourgeois. 

Se croyant protégé par son titre de bourgeois, Jehan Ka était revenu au pays en février ou mars 15 5 5  avec l'intention de réaliser les biens qu'il y possédait encore. De passage à Liège, il fut arrêté avec son compagnon, le Tournaisien Denis de Maistre, fut accusé d'être un 'sacramentaire' et emprisonné en conséquence dans la prison du Mayeur. 

Il était ainsi le pre­mier calviniste à être poursuivi par le prince-évêque Robert de Berghes. Quelques mois plus tard, la 'Paix d'Augsbourg', promulguée le 22 septembre 1555, mit le catholicisme et le luthéranisme sur le même pied dans l'Empire duquel faisait partie la Principauté Liège, toutefois il revenait aux chefs d’état de choisir l’une ou l’autre et, très logiquement, le prince-évêque opta pour le catholicisme. 

Ses sujets devaient donc suivre la religion de leur souverain, sous peine de devoir s'expatrier après avoir obtenu un délai pour réaliser leurs biens. Jehan Ka sembla attendre que le prince-évêque acceptât de tenir compte dans la principauté des clauses de la Paix d'Augsbourg, qui, bien que promulguée cinq mois plus tôt, n'avait pas encore été approuvée par l'Etat Tiers de la Principauté (elle ne le fut qu'en 1582). 

Il attendit trois ans, jusqu'à ce qu'une autre arrestation d'hérétiques, signe d'une nouvelle vague de répression religieuse, ne lui ôte tout espoir en ce sens. Jehan Ka prit donc recours devant la Chambre Impériale de Spire. Le 23 août 1558, celle-ci rendait en faveur de Jehan Ka un mandement adressé au prince de Liège ainsi qu'aux autorités communales de la Cité leur enjoignant de remettre Ka en liberté dans les trois jours, sinon les mêmes autorités seraient déférées devant la Reichskammergericht à Spire. 

Les autorités liégeoises s'inclinèrent devant cette décision impériale et en avertirent la Chambre de Spire, mais l'évêque Robert de Berghes refusa de s'y conformer, prétendant que Jehan Ka n'était pas un luthérien, mais bien un sacramentaire (c'est-à-dire qu'il ne reconnaissait aucun des sacrements, alors que les luthériens devaient en reconnaître au moins deux). 

Les procureurs de Jehan Ka n'en restèrent pas là. Le procès débuta le 28 novembre 1558, stagna pendant plus d'un an et prit une tournure définitive lorsque Jehan Ka adressa le 23 février 1560 à la Chambre Impériale de Spire une déclaration dans laquelle, dans une profession de foi circonstanciée, il donnait la preuve qu'il n'était ni sacramentaire ni sectataire.

 Jehan Ka gagna son procès le 27 mars 1560 en renonçant à toute poursuite ultérieure contre le prince-évêque et il fut remis en liberté. Il séjourna encore pour ses affaires à Liège durant plusieurs mois, habitant alors les hauteurs d'Avroy. Il céda tous ses biens à son gendre Hubert Collette en novembre 1560 et quitta le pays de Liège en 1562.

 Il finit ses jours à Frankenthal, dans le Palatinat rhénan où il retrouva d'autres 'dissidents confessionnels' du pays de Franchimont et du duché de Limbourg. Il y devint diacre de l'église des réfugiés, membre du Conseil et décéda le 30 novembre 1591. Son fils Jehan Ka le Jeune le rejoignit en 1567, mais on trouvait encore des descendants de Jehan Ka dans la région de Stembert en 1570.

  Quant au moulin litigieux, il fut cédé le 24 mars 1556 à Jean de Stembert et Jean Mathieu de Hauzeur par Hubert Collette le Moulnier, gendre de Jehan Ka (il avait épousé sa fille Marie), contre des rentes à Andrimont. Hubert le Moulnier resta cependant meunier de Floba. 

  Deux ans plus tard, il reçut des deux cohéritiers du moulin banal une somme de 400 florins pour solde de son prix d'acquisition. Au sujet de cette vente, certains documents posent problème. Le 28 juillet 1552, soit le lendemain de la reportation faite en sa faveur du coup d'eau de Floba et le jour même où il faisait report d'une rente aux pauvres communs de Verviers (voir plus haut), Jehan Ka avait déjà reporté son moulin avec le bief et le coup d'eau au seul Jean Mathieu de Hauzeur en présence de celui-ci. Le prix de la transaction était une somme de 24 dallers que Jehan Ka reconnut avoir reçu le jour même. 

  Comme rémunération de cette somme, Jehan Ka créait en faveur de Jean Mathieu de Hauzeur une rente annuelle d'un muid de mouture.

    Pourquoi avoir mis son moulin en hypothèque auprès du seul Jean Mathieu de Hauzeur ? Nous disposons également d'une note de frais exposés par Jean Mathieu de Hauzeur dans un procès intenté devant les Echevins de Liège contre Jean de Stembert et datée du 14 septembre 1556. Pourquoi Jean Mathieu de Hauzeur intenta-t-il une action en justice à son cohéritier ? Les minutes du procès, non archivées, dorment peut-être dans les caves des Archives de l'Etat, à moins qu'elles n'aient été détruites dans le bombardement de ces mêmes Archives le 24 décembre 1944. 

  Toujours est-il que deux ans plus tard, Jean Mathieu de Hauzeur légua par testament 'les deux moulins de Stembert et Floba' à son fils unique Laurent. Cependant, comme il avait exposé l'argent de sa seconde femme Jehenne en frais et procès à cause du moulin de Floba, il léguait à celle-ci sa vie durant une rente hebdomadaire sur les deux moulins.

  Si son fils se soustrayait à ses obligations, Jehenne hériterait à perpétuité de la moitié du moulin de Floba. On doit donc supposer qu'un procès opposa les deux cohéritiers du moulin banal au sujet de Floba et que Jean de Stembert dut vraisemblablement renoncer à une bonne partie de ses droits sur les deux moulins avant de décéder le 10 octobre 1605. 

  Quoi qu'il en soit, les deux moulins furent immédiatement remis en accense localee pour six années à Hubert le Moulnier et à son frère Jean qui en payèrent le cens en plus d'un impôt appelé 'œil de moulin'. 

  Le cens se montait alors pour le moulin banal à 7 patars brabant à payer quatre fois par an et quatre stiers de Mouture à payer à Noël au receveur de Franchimontet pour le moulin de Floba à un chapon et six deniers forts. 

  En 15?0, Hubert entra en conflit avec son confrère Polet de Combien, meunier du moulin banal de Verviers 6. Laurent de Hauzeur, qui occupait la fonction d’échevin à la cour de Herve, conserva ses parts du moulin jusqu'en 1579, date à laquelle il commença à morceler son héritage quart par quart. 

  Il reporta le premier quart des deux moulins à Jehan Blancheteste, teinturier avant de faire de même dix ans plus tard en faveur du couvent de Malmédy et en 1606 en faveur de Michel Wezins, mayeur de Saint- Pierre . Un autre quart du moulin banal fut cédé par son beau-frère Massin Pirlot, bourgeois de Herve, à Catherine Hautenone pour une somme de 106 dallers. 

  La famille de Stembert ne possédait plus qu'une part infime des deux moulins : le 28 septembre 1580, Thomas, fils de Jean de Stembert, reporte à son beau-frère Pierre Delthour sa quatorzième partie des deux moulins pour une somme de 1000 florins.

   Il est probable que les deux moulins fonctionnèrent de concert jusqu'au début du XVIIème siècle car on les retrouve ensemble dans de nombreux actes de vente. 

  Le coup d'eau de Floba fut cédé en 1605 à Bastin le Pouilletier, un marchand de Stembert qui y installa probablement une foulerie (voir plus loin ). Dans le même temps, les héritiers du moulin banal obtinrent le 24 août 1606 l'autorisation de construire sur le trou de Formonfosse (l'agolina) un petit moulin 'pour subvenir au dit moulin banal'82. 

  Les bâtiments du moulin de Floba, abandonnés, s'écroulèrent progressivement tout au long du XVIIème siècle : une apostille du 8 juin 1696 défendit à quiconque de tirer des pierres du moulin, à la suite de quoi le bourgmestre et les commis de Stembert demandent au prince-évêque ‘de leur accorder le droit d’en laisser tirer a qui ils jugeront à propos préférablement à tous autres parmi quelque chose à convenir pour chaque pierre du moulin au profit de saditte Altesse’. 

  Il est assez difficile de se faire une idée précise de la localisation des deux moulins concurrents. D'une part, le moulin banal n'a pas toujours été situé à l'endroit où il a été reconstruit pour la dernière fois. 

  Par contre, on peut le situer avec certitude entre le confluent du ruisseau de Sècheval et du ruisseau de Mangombroux et l'agolina, mais assez loin de ce dernier puisqu'une foulerie s'était installée sous le moulin. 

  Quant au moulin de Floba, deux hypothèses cohabitent.

    Il était situé ‘à l’opposite dung lieu condist le fomeau collin’ et ‘non pas distant long deux gectz daibalestie du moullin bannal’ sur le ruisseau de Sècheval en amont du premier, mais toujours sur le territoire du ban de Verviers. 

 De nombreux documents datant de la fin du XVIIIème siècle et relatifs à des demandes d'accense mentionnent un terrain ‘situé entre deux Chaineux, joindant à la fontaine de Vieux Fourneau et au territoire de Jalhay’ ou ‘au lieu-dit entre deux Chaineux joi­gnant du levant à la fontaine de vieu fourneau, du midi au ruisseau séparatoire d’avec le ban de Jalhay, du couchant à l’aisance et du septentrion au sentier... ’

  Le moulin de Floba était donc situé près de la limite entre le ban de Verviers et celui de Jalhay et probablement en aval du confluent entre le ruisseau de Cossart et le ruisseau des Pelles.


Une seconde théorie se fonde sur une autre localisation datant de 1541 : ‘Johan fils Challemaigne de Stembert reporte quatre stiers d’avoine héritables sur une pièce d’héritage gisant en Floba, joindant à Engloheid et d’estoc à fehan Ka manant à Verviers’.

 Floba se trouverait alors non pas sur le ruisseau de Sècheval, mais bien sur le ruisseau de Mangombroux. Le fourneau Colin serait celui de la ferme Doyen (qui aurait appartenu à Jehan Ka) et la fontaine citée plus haut serait l'ancêtre de la Fontaine au Biez. 

Il faudrait supposer pour cela que le terme d'eau de Sècheval se soit appliqué indifféremment aux ruisseaux de Sècheval et de Mangombroux, ce qui n'est nullement impossible étant donné les glissements survenus au cours des siècles entre Sècheval et Mangombroux. 

D'autre part, plusieurs documents du XVIIème siècle appellent le moulin de Floba 'moulin de Mangombroux' par opposition au moulin banal 'de Sècheval'. 

Quoi qu'il en soit, si l'on adopte la première théorie, le document de 1541 cité plus haut semble indiquer que le toponyme Ningloheid a lui aussi 'glissé' au cours des siècles.
Le moulin banal fut une fois de plus reconstruit en 1662  et c'est Jean Hanlet qui en devint le meunier. 

Le moulin changea une fois de plus de propriétaire en 1666 quand Jean Benselin, seigneur de Petit-Rechain, fit relief du moulin entier à la mort de son dernier propriétaire Nicolas de Herve dont il était le gendre. 

Quatre ans plus tard, il protesta contre le magistrat de la ville de Verviers qui avait obtenu du Conseil Privé l'autorisation de capter l'eau de la Fontaine au Biez. Il prétendait que cette captation nuirait à l'alimentation du moulin banal mais se heurta à l’opposition de la communauté de Stembert dont les difficultés d’alimentation en eau étaient patentes . Quatorze ans plus tard, il hypothéqua le moulin ainsi que tous ses biens à concurrence de 3000 patacons. 
La ferme adjacente au moulin contenait en outre 16 bonniers de terre. A la fin du XVIIIème siècle, le cens annuel n'était que de 3 florins 15, bien peu de choses en regard du cens que payait le moulin de San : 260 florins ! En outre la banalité était de plus en plus souvent battue en brèche, ce qui obligea même le prince-évêque Jean-Théodore à réaffirmer fermement la banalité de tous les moulins du Marquisat de Franchimont, ajoutant aux peines habituelles une amende de 10 florins d'or pour les contrevenants.



A la fin de l'ancien Régime, le moulin passa par jeu d'héritages à la famille De Grady, barons de Chavagne. On note en septembre 1790 une protestation de Henry de Grady contre les villageois de Heusy et Stembert qui ne remplissaient pas leurs obligations d'entretien du bief, obligation qui était donc d'application depuis plus de 450 ans mais à laquelle les habitants ne semblaient plus prêter l'attention nécessaire :

Mr Degrady fait savoir à tout un chacun des manants de la Communauté de Stembert qu’ils seront tenus de se trouver au biefs de son moulin banal de Mangombroux pour y être employés à les nettoyer le 6 septembre 1790 à sept heures du matin, (II) défend en outre sérieusement qu’on ait plus à envoyer des enfants ou gens inhabiles à travailler sinon (il) ordonne à son meunier ou meuniè­re de ne les point recevoir et de marquer par son employé les noms et surnoms de tous les réfractaires pour être traités à la dernière rigueur en conformité du Record et jugement rendu en conséquence, et en cas que l’ouvrage demeurerait encore imparfait comme d’autres fois, de les rappeler jusqu’à l’entière exécution de son ordonnance. Ceux de Heusy doivent travailler conjointement avec ceux de Stembert et Mangombroux.

Le 13 mars 1794, Henry de Grady céda à la commune de Stembert et à son bourg­mestre Nicolas-Joseph Douxha le moulin ‘avec toutes ses prérogatives et servitudes actives ou passives y attachées, connues ou non connues’ ainsi que trois pièces de terre labourables ‘dont l’une proche de la chapelle au chemin de Stembert, la deuxiè­me un peu par delà et la troisième au lieu-dit le chaffour’ moyennant le paiement d'une rente de 945 florins (ramenée à 810 florins si elle était payée tout de suite) et trois redevances annuelles équivalant à 305 florins. 

En outre, le moulin était grevé d'une rente annuelle en faveur du monastère de Saint-Gilles à Liège; 8 muids d'épeautre, un muid de fleur de farine et 6 carpes. La Commune décida de prolonger le bail du meunier Antoine Valentin qui payait pour loyer annuel une somme de 500 florins brabant à payer à la veille de la Toussaint. Le mercredi et le samedi, les paysans pouvaient venir égruger le grain, opération pour laquelle ils devaient fournir un domestique pour aider le meunier, celui-ci disposant d'un cheval et d’un charretier entretenu par la commune. 

 L'exploitation du moulin par la commune de Stembert resta malheureusement déficitaire pour un certain nombre raisons, dont la principale était probablement la suppression de la banalité : ce monopole avait été supprimé par le Congrès Franchimontois en 1790, puis définitivement aboli par le régime français en 1794. La commune de Stembert dut diminuer le loyer et accepter la démission de son meunier le 1 novembre 1794. On tenta bien de rétablir l'équilibre en supprimant la fonction du charretier et du cheval que la commune entretenait pour le moulin et qui, comme le rapporte Fissin, absorbait tous les bénéfices. 

Enfin, les personnes chargées de percevoir les droits de mouture détournaient parfois une partie de ces droits à leur profit personnel, comme le rapporte Arthur Fassin : ‘Le sieur Beaupain eut charge de percevoir les droits de mouture. On l’accusa d’avoir soustrait une partie des fonds reçus il démissionna. ’ L'outil lui-même menaçait ruine et son état réclamait donc une restauration urgente. Celle-ci eut partiellement lieu en 1796 grâce au maire Everard Wathelet maire de Stembert de 1794 à 1798) et à l'ancien bourgmestre Nicolas Bouxha (bourgmestre de Stembert de 1763 à 1764 et en 1789).

 Rien n'y fit. Le 9 août 1802, criblée de dettes, la commune de Stembert demanda à Henry de Grady de pouvoir lui rétrocéder le moulin qui menaçait à nouveau ruine. Leur argumentation se fondait sur le fait que ‘les habitants qui avaient participé à l’acte d’achat ne s’étaient pas rendus compte de l’importance des redevances affectant le moulin’. 

 Stembert devait encore huit annuités de 945 florins et une rente de 945 florins. Henry de Grady accepta l'offre et récupéra le moulin moyennant 3.000 florins que la commune devait acquitter par 600 florins à la passation de l'acte de vente puis, pendant quatre années consécutives par, chaque fois, 600 florins. L'acte fut passé devant notaire le 3 Vendémiaire de l'An 14, mais la commune était dans l’impossibilité de rembourser cette somme. Elle dut donc augmenter l'imposition locale de ses habitants. Malgré les réparations partielles de 1796, l'outil menaçait à nouveau ruine. Henry de Grady revendit probablement le moulin à Jean-François-Xavier Simonis. 

 En 1825, le baron Guillaume de Knyff en hérita par suite du partage des biens de ce dernier.

   Voici la description du bien telle qu'elle figurait au protocole du notaire L. Damseaux : Le troisième lot comprend le moulin dit de Mangombroux consistant dans les bâtiments, biez, coup d’eau, jardin par derrière avec broussailles, plus deux petites prairies situées dans la campagne de la chapelle, tenant l'une à l’autre, le tout mesurant un bonnier 34 perches. ’ 

Sept ans plus tard, le fondé de pouvoir verviétois du baron de Knyff reçut l'autorisation d'ouvrir un four à chaux 'derrière son moulin à farine à Mangombroux. Peu après, le conflit suscité par l'écoulement des eaux du ruisseau de Mangombroux entre la Société de la Nouvelle Montagne et la commune de Verviers provoqua la vente du moulin à la S.N.M. dont l'intérêt était évident : il fallait régulariser à tout prix le débit du ruisseau.
   Or, dans les temps où le débit du ruisseau était plus pauvre, le fermier du moulin retenait les eaux jusqu'à ce qu'il dispose du volume d'eau nécessaire pour faire tourner sa roue. Il disposait à cet effet d'un réseau de biefs et de retenues dont il usait à sa guise, ce qui provoquait parfois le chômage des fontaines de la ville dont la prise d'eau était située en aval du moulin et qui inondait régulièrement les galeries de la Nouvelle-Montagne quand on relâchait les eaux. 

 Le 16 janvier 1838, la Société de la Nouvelle-Montagne proposa au fermier du moulin une indemnité annuelle de 310 francs pour qu'il s'engage à ne plus retenir les eaux d'aucune manière. De plus, le loyer annuel du moulin était réduit de 360 francs. La ville de Verviers, dont l'intérêt dans l'affaire était évident, contribuait à cette rente à hauteur de 175 francs. 
 Dans un premier temps, le meunier Jacques Foxhalle ne tint aucun compte de l'accord et continua ses retenues : la ville de Verviers refusa donc de payer sa part de la rente pour 1838 et força le propriétaire du moulin à faire respecter la convention signée en janvier : ‘Chaque fois que ledit Foxhalle contreviendra audit arrangement en cherchant par un moyen quelconque à laisser accumuler les eaux (...) il sera passible d’une amende de 20 francs et en cas de récidive son bail sera résilié de plein droit. ’.

  Il faut dire que les industriels verviétois avaient mis tout leur poids dans la bataille : on vit notamment messieurs Poswick et Grandry menacer de renvoyer (on ne disait pas encore licencier) plus de 50 ouvriers parce qu'une de leurs machines à vapeur n'avaient plus assez d'eau pour fonctionner. La Société de la Nouvelle-Montagne s'engagea ensuite à racheter le moulin, ce qu'elle fit par acte du 9 juin 1839 avant d'en confier l'exploitation à un nouveau fermier : Jean-Pierre Bastin (encore en poste en 1846). Elle dut en outre s'engager à ne jamais retenir les eaux au-dessus de la roue sous peine d'une astreinte de dix
francs par jour. 

   Parmi les autres clauses de la convention passée avec la ville de Verviers, la Société s'engageait en outre à entretenir le canal et à ne pas transformer le moulin en un établissement dont l'exploitation nuirait à la qualité de l'eau. Les retenues d'eau ne cessèrent pas pour la cause, surtout en été.

  La ville de Verviers se plaignait du fait que les eaux stagnantes s'échauffaient et se corrompaient dans le bassin de retenue du moulin. La ville acheta donc ce bassin en 1859, suivant en cela l'avis de l'architecte Humblet qui proposait de supprimer le bief. Le moulin disposait déjà d'une petite machine à vapeur.
   Selon les conclusions de l'architecte, une machine à vapeur plus puissante aurait permis au moulin de fonctionner normalement sans avoir recours à la force électrique. 

  La même année fut renouvelée la convention signée vingt ans plus tôt avec la Société de la Nouvelle Montagne dont Armand et Adolphe Simonis étaient les seuls propriétaires depuis la constitution de celle-ci en Société Anonyme le 12 février 1845. A cette époque, le loyer à payer était déterminé en fonction du degré d'usure des meules du moulin.




Le moulin de Mangombroux. Huile sur papier anonyme datant probablement de la moitié du XIXème siècle (Collections du Musée des Beaux-Arts de la ville de Verviers). Armand Weber en a réalisé une copie en aquarelle 'agrémentée' en 1907



   La ville de Verviers cessa de payer au propriétaire du moulin la rente (potée à 400 francspar an ) décidée lors de la convention de 1838. Comme on l'a vu plus haut, les retenues n'avaient jamais vraiment cessé. Vers 1888, le moulin était exploité par Pierre Koos-Huberty (né à Malmédy, localité alors prussienne, le 20 janvier 1855) qui l'acquit avec ses dépendances (le four à chaux n'y est plus mentionné) en 1894 pour la somme de 21.000 francs.

   Il fit établir sur autorisation expresse de la Reine Marie-Henriette un bief qui devait améliorer l'alimentation en eau de son moulin. Il lui avait adjoint en 1892 une scierie et une caisserie qui employaient une vingtaine de personnes.

   Pierre Koos décéda en 1915 et c'est son fils Albert (après une période pendant laquelle tous les enfants avaient exploité le moulin de manière conjointe ) qui continua l'exploitation jusqu'à la fin de la seconde guerre mondiale. Parallèlement à ces activités industrielles, la maison Koos servit également de café-salon et de friterie 

  Dans la nuit du 2 au 3 juillet 1931, vers 2 heures et demi du matin, les bâtiments du moulin laissèrent échapper une fumée noire qui donna l'alerte aux voisins. Ils avaient pris feu suite à l'autocombustion de certains matériaux. La commune de Stembert ne disposant pas de service d'incendie, il fut fait appel à la commune de Heusy, mais celle-ci refusa d'intervenir en dehors du territoire communal. 

  En désespoir de cause, l'assureur du moulin dut se porter garant d'une caution à verser aux pompiers de Verviers qui arrivèrent aussi vite que possible mais qui ne purent empêcher la plus grande partie du moulin (dont les trois meules) ainsi que de l'habitation de la famille Koos de brûler complètement. 

   L'incendie fut enfin circonscrit vers 4 heures et demi. Les voisins aidèrent à sauver ce qui pouvait l'être, mais il fallait se rendre à l'évidence : les dégâts étaient très importants (650.000 francs), les trois meules du moulin détruites et la vingtaine d'ouvriers qui travaillaient au moulin et à la caisserie se retrouvèrent au chômage.


Le 3 juillet 1931 à 3 heures 45 du matin : l'incendie fait toujours rage...

(coll. Toupy)

   Les discussions furent vives pour déterminer qui était responsable de la lenteur de l'intervention : Stembert avait refusé de faire partie du service d'incendie intercommunal, avait également refusé une intervention de 150 francs (sic) dans les dépenses des pompiers volontaires de Mangombroux-Heusy et avait tout juste consenti à une dépense de 30 francs (re-sic) pour se servir du matériel de Mangombroux-Heusy sur son territoire. 

  Cinq ans plus tard, la commune de Stembert se dotait d'un service d'incendie comme le prévoyait la loi récemment votée. La reconstruction fut lente. La priorité allait à l'outil, ce qui obligea la famille Koos à vivre un temps dans les quelques pièces épargnées par l'incendie et par l'eau. 

  La maison d'habitation ne fut reconstruite qu'en 1938. Quant à la scierie, il semble bien qu'elle ne survécut pas au sinistre : deux ans après l'incendie, la totalité du matériel fut vendu aux enchères publiques devant le moulin lui-même. Dans les dernières années de fonctionnement, le grain était hissé par un treuil (toujours visible) jusqu'au deuxième étage. Les meules se trouvaient au premier étage et au rez-de-chaussée et étaient actionnées par la roue mue par le bief. 

   Celui-ci, datant de 1889, traversait la route de Jalhay à hauteur du carrefour avec la rue Biez du Moulin (la bien nommée) devenait un tunnel voûté qui longeait ensuite la grand route pour aller actionner la roue (d'un diamètre de dix mètres environ). 

  Un autre bief, pris sur le ruisseau de Mangombroux à hauteur de la Fontaine au Biez, renforçait le premier. Ce système de force motrice hydraulique fut définitivement abandonné en 1945 et remplacé par un moteur thermique. Le meunier Albert Koos fut mis en demeure dès 1949 de détruire le bief, mais celui-ci ne fut comblé en 1952. 

  Un barrage en pierres plates, situé en amont du pont traversant le ruisseau, témoigne toujours aujourd'hui de son existence. Les années d'après-guerre furent difficiles. Les grains provenaient presque exclusivement de l'étranger car les grains belges donnaient une farine de mauvaise qualité. 

  Mais l'heure n'était plus aux petits moulins indépendants, impuissants face à la force des grosses entreprises de meunerie industrielle. Toute activité cessa donc en 1960. Les bâtiments furent loués à l'entrepreneur Kartheuzer qui y installa un atelier et fit construire quelques garages à l'emplacement de la roue. Une résidence moderne s'installa en amont et des bureaux provisoires furent construits entre la résidence et le vieux moulin. 

  Ils abritent aujourd'hui la bibliothèque paroissiale. En 1983, la famille Koos céda par un bail de trente ans une partie du bâtiment du moulin, où subsistait une bonne partie de la machinerie, à l'ASBL des Œuvres Paroissiales de Mangombroux qui le transforma petit à petit en local pour les nombreux mouvements de jeunesse qui ont conservé au bâtiment son appellation originelle.



















Moulin Vaessen Ensival

    Si la commune d'Ensival ne pouvait disposer une moulin banal (voir article) il en disposait cependant un à Francomont


   
    Le Moulin Vassen, nom de l'ancien meunier. est un moulin à grains dans le centre de Ensival, sur la Vesdre (Vesdre). Il a été construit avant 1652. Dans l'Atlas cadastral P. C. Popp (1860), nous constatons que le « Moulin à eau « sur la parcelle A 268 était en possession de Pirard, Marie-Hélène-Constance Epouse Del Marmel, le baron Ferdinand-Charles-Victor, location. Ensival. Prognathisme roue en bois a un diamètre de 7 mètres et est construit dans le bâtiment en pierre blanchie à la chaux en bon état.  (plan numéro 1)-

Les bâtiments sont maintenant utilisés comme garages et boucheries.




























    Création du moulin d’Ensival; affermage aux particuliers

   En 1651, année de l’accession de Verviers au rang de Bonne Ville, le moulin banal de Verviers avait été affermé à Gérard Deyl pour un terme de 9 ans allant de la Saint-Jean 1651 à celle de 1660. 

  L’adjudication était à peine obtenue le 15 mars que Gérard Deyl subrogeait dans ses droits Mathieu Mangham, receveur du Franchimont, et Nicolas Bertrand, bourgeois de Verviers. L’acte de subrogation, passé le 18 juin, était approuvé par le prince trois jours plus tard. 

  C’est alors que Nicolas Bertrand, faisant valoir la distance et les difficultés du chemin à parcourir entre Ensival et Verviers, put obtenir, le 8 juillet 1652, la permission du prince de bâtir un moulin à Ensival moyennant un cens annuel de 10 florins d’or du Rhin, à payer à la Table épiscopale. L’autorisation était valable pour une durée de 9 ans, prenant cours au moment où le moulin serait mis en activité, durée au terme de laquelle le prince pourrait reprendre le moulin moyennant indemnisation.

   D’autre part, il était bien précisé que ce moulin serait érigé sans préjudice de la banalité des moulins. Nicolas Bertrand possédait à Ensival une foulerie qui avait été édifiée 35 ans auparavant par Bonaventure Renard. Ce dernier avait reçu de la Chambre des comptes du prince, le 12 novembre 1615, la permission de prendre un coup d’eau dans la Vesdre pour pouvoir établir une foulerie et ses dépendances; le cens annuel avait été fixé à un quart de florin d’or, payable le jour de l’Assomption. 

  Le même Bonaventure Renard avait également dû obtenir, le 22 février 1617, l’accord de la Chambre des comptes du Brabant, le roi estimant que la Vesdre lui appartenait, en sa qualité de duc de Limbourg, et verser à ce titre un cens annuel de 3 florins de Brabant (fl. Bbt). 

  Disons, à propos de cette souveraineté sur la Vesdre, que le prince de Liège se considérait, lui aussi, investi du même droit sur la rivière. C’est cette fou¬lerie, dite d’Ensival, que Nicolas Bertrand transforma en moulin à farine; la prise d’eau se situait à un barrage construit à 180 mètres en aval du pont Sauvage et les eaux du bief qui ali¬mentaient la foulerie rejoignaient la rivière à peu de distance en amont du pont de Francval, où l’on peut encore remarquer les derniers vestiges de ce bief. 

  Depuis le 4 décembre 1651, la communauté d’Ensival existait virtuellement puisque l’autorité de la Ville de Verviers s’arrêtait désormais à ses limites. Cette situation de fait le fut de droit en vertu des dispositions de l’édit du 25 janvier 1656, dont le préambule reflète bien la  situation d’Ensival et de Stembert entre ces deux dates. 

  Ce n’est pas aux manants de la future communauté d’Ensival, mais bien à un particulier que le prince avait concédé le moulin en 1652. Les moulins étaient affermés pour des périodes allant de 3 à 9 ans. Ainsi, Mathieu Mangham, le 5 juin 1654, se vit-il accorder la continuation de l’affermage du moulin de Verviers pour un terme de 3 ans prenant cours à la Saint-Jean 1660. Par le même octroi, l’affermage du moulin d’Ensival lui était également concédé, également pour 3 ans prenant cours à cette même date. 

  Un même personnage pouvait se retrouver fermier de deux ou plusieurs moulins. Il pouvait contracter avec un autre pour lui céder ses droits, moyennant l’accord du prince. En mars 1659, Gérard Deyl avait passé contrat avec Jacquemin Nizet, lui cédant le moulin de Verviers et le moulage de Pepinster, qui dépendait de la banalité du moulin de Theux; le bail, d’une durée de 9 ans, prenait cours à Verviers en 1663, à Pepinster en 1660. 

  Le 18 juin 1660, la Chambre des comptes approuvait cette cession de bail en affermant les deux moulins comme il en avait été convenu entre Gérard Deyl et Jacquemin Nizet. Deux ans après son installation au moulin de Verviers, Jacquemin Nizet, qui avait pris ombrage de l’activité du moulin d’Ensival, commença à chercher noise à son exploitant, Nicolas Bertrand, qu’il accusa d’obliger les manants d’Ensival à faire moudre leur grain dans son moulin plutôt qu’à celui de Verviers, en préjudice du droit de banalité auquel étaient soumis les Ensivalois. 

  Il est assez curieux de constater que le prince, revenant sur son autorisation du 8 juillet 1652, l’interpréta alors d’une façon restrictive le 13 octobre 1665, estimant que S.A.S. déclare derechef n ’avoir entendu lorsqu'elle a donné permission à Nicolas Bertrand d’ériger un moulin à Ensival d’assujettir les manants dudit Ensival d’aller moudre au dit moulin, non plus que les exempter de la subjection qu’il ont de moudre au moulin banal de Vervier.

  Deux jours plus tard, le prince défendait purement et simplement aux Ensivalois de faire moudre ailleurs qu’à Verviers et ordonnait à Nicolas Bertrand de “cesser d’usiner”. 

  Les arguties de Jacquemin Nizet avaient porté leurs fruits; il obtint même, le 9 février 1666, un nouveau bail de 9 ans du moulin de Verviers, à commencer à l’expiration de celui qui était en cours, soit à la Saint-Jean 167210. Quant à Nicolas Bertrand, il ne lui resta plus qu’à envisager un autre avenir. Il le trouva ni plus ni moins que sur l’autre rive de la Vesdre, dans le “pays du roi”, où il transféra ses pénates après y avoir été autorisé.

   Il remit les lieux dans leur état de 1652 et reçut une indemnité compensatoire. Ce nouveau moulin, à farine, mais également à huile, constituera par la suite une source de conflits lorsque sera restauré le moulin d’Ensival, ce qui ne tarda guère. 

  En 1669 déjà, la Chambre des comptes était saisie d’une requête du Magistrat et des manants d’Ensival, se plaignant des désagréments occasionnés par la fermeture du moulin en les obligeant à se rendre à Verviers, “distant d’une heure d’Ensival”. Ils suppliaient que leur fut accordée la permission de bâtir et d’entretenir à leurs frais un nouveau moulin. L’avis de Jacquemin Nizet fut sollicité et le cens annuel fixé à 400 fl. Bbt.

   Le Magistrat ne pouvant  s’acquitter de cette charge, Nizet n’eut plus qu’à saisir l’occasion. Dès le 12 avril 1669, le prince l’autorisa, ainsi que les siens, à bâtir un moulin au dit lieu d’Ensival pour servir la communauté, en sorte qu 'elle n ’eut occasion légitime de plainte, à condition de le faire édifier et entretenir à toujours à leurs coustes, frais, pertes, profits et hasards.

  L’autorisation, confirmée par le chapitre cathédral le 27 avril suivant, était accordée jusqu’à la Saint-Jean 1681. Nizet se trouvait ainsi fermier des deux moulins de Verviers et d’Ensival. Le bâtiment abandonné par Nicolas Bertrand fut réaffecté à sa destination de moulin. Les années qui suivirent amenèrent un conflit entre Jacquemin Nizet et le Magistrat d’Ensival ainsi qu’une tentative de Nicolas Bertrand de remettre en cause son éviction du moulin d’Ensival.

   Celui-ci n’en resta pas moins à Nizet et, après son décès, à sa veuve, Ailid de Presseux, et ses enfants. Le 24 avril 1681, la famille Nizet fut évincée du moulin de Verviers au profit de Servais Polis. Elle se maintint, par contre, à Ensival jusqu’en 1695.  Affermage à la communauté d’Ensival L’affermage du moulin avait échappé en 1669 à la communauté d’Ensival, et le bail des Nizet devait se terminer à la Saint-Jean 1701.

   Cependant, le 19 septembre 1695, Henri Nizet, pré locuteur à la Cour de justice de Verviers, agissant en son nom et représentant Ailid de Presseux, sa mère, et ses enfants, céda au Magistrat d’Ensival, autorisé par l’assemblée des manants, la “vesture” du moulin et de ses appendices, ainsi que du droit de banalité qui lui avait été donné en bail par le prince Jean-Louis d’Elderen.

   La communauté, subrogée dans les droits des Nizet, aurait à s’acquitter d’un cens annuel de 200 fl. Bbt et d’un autre, de 5 fl. Bbt, dus à la Table épiscopale. Les Nizet se voyaient dédommagés par la création d’une rente rédimible de 257 fl. Bbt, 15 patars et la reprise d’une autre, de 26 dalers, due à Denis de Chameux. 

   Enfin, il appartenait aux Nizet de faire ratifier ces dispositions par le prince. Jusqu’en 1774, la communauté d’Ensival se vit affermer le moulin; elle eut à pourvoir à la désignation du meunier et procéder aux différents travaux d’entretien, inévitables pendant un tel laps de temps.

  Elle eut aussi, malheureusement, à connaître avec le moulin installé sur la rive droite en 1667, des conflits de voisinage, tout aussi inévitables. Certains Ensivalois faisaient moudre clandestinement au moulin de Francomont. Les textes ne mentionnent pas s’ils bénéficiaient d’un tarif préférentiel; on ne peut que le présumer. Il n’en reste pas moins que l’opération en elle-même constituait une infraction grave, en ce qu’elle attentait au droit de banalité du prince. 
 Déjà, avant que le moulin ne fût concédé à la communauté, les Nizet avaient été confrontés à ce genre de délit, qui ne manqua pas de se reproduire par la suite. Dans la pratique, le prince autorisait les serviteurs du fermier à rechercher les délinquants, allant même jusqu’à les laisser visiter les demeures des manants soupçonnés de fraude. 

 En d’autres circonstances, il se contentait de rappeler les défenses traditionnelles. Un manque évident d’esprit de conciliation régnait entre les deux “usiniers” des bords de Vesdre. L’arrivée d’eau aux deux établissements était réglée par un barrage et deux vannes; l’entretien était commun, ce qui n’allait pas sans contestation de part et d’autre. Nous n’évoquerons que deux incidents qui mirent aux prises le Magistrat d’Ensival et Léonard Fraiteur, lointain successeur de Nicolas Bertrand. 

  Bien sûr, il y en eut d’autres. En 1716-1717, les deux antagonistes étaient bien convaincus de leurs droits exclusifs sur la rivière et s’accusaient mutuellement de la même indélicatesse. Léonard Fraiteur reprochait aux Ensivalois d’avoir creusé le lit de la rivière pour amener de leur côté le débit nécessaire 43 à la force motrice, situation aggravée par le fait qu’ils agissaient avec sans-gêne lorsqu’ils ouvraient la vanne pour activer leur moulin.

  Les Ensivalois, de leur côté, avaient observé le manège de Fraiteur qui, lui aussi, avait fait abaisser de 8 à 9 pieds l’arrivée d’eau près de sa vanne. Chacune des deux parties faisait signifier à l’autre sa volonté de voir cesser ses agissements malveillants. Il est bien malaisé de dire qui des deux avait posé le premier acte de mau¬vais gré. Le 26 août 1717, le notaire Joiris “insinua” au bourgmestre Jean Franquinet une “protestation” de Léonard Fraiteur, document que le bourgmestre jeta dédaigneusement à terre. 

  Un commissaire, Jean Jacquet, accepta finalement cette signification au nom du Magistrat. L’issue de cette querelle ne nous est pas connue, mais on sait qu’en 1741, le même Léonard Fraiteur avait encore maille à partir avec le Magistrat d’Ensival, “ne voulant pas condescendre” à effectuer quelques réparations qui lui incombait de son côté du barrage.

   Des incidents d’une autre nature se produisirent à propos du moulin, ayant cette fois pour protagonistes la population du bourg et les repreneurs de l’impôt de Yœil du moulin. Au XVIIe siècle et jusqu’au début du XVIIIe, cette taxe était perçue sur les céréales, à l’occasion de la mouture. Les repreneurs de la taxe n’étaient évidemment pas les bienvenus; les gens de l’endroit leur manifestèrent une hostilité telle que, le 23 juin 1704, le gouverneur du Franchimont dut rappeler à l’ordre la population, y compris les enfants, brandissant la menace de sanctions et enjoignant au capitaine de la compagnie d’Ensival de prêter main forte aux collecteurs ainsi molestés

 - Le bail emphytéotique de 1774 L’événement le plus marquant de la fin de l’Ancien Régime fut, le 11 mars 1774, le bail emphytéotique consenti par le prince et le chapitre cathédral à la demande du Magistrat et et de la communauté, bail donnant lieu à la création d’une rente non rédimible de 160 muids d’épeautre, à payer à la Saint-Jean, à partir de 1775. Les obligations du preneur l’astreignaient à supporter exclusivement tous les frais d’entretien et de conservation. 

  Etaient rappelées les défenses traditionnelles: interdiction de diminuer ou d’augmenter les droits de mouture, de porter préjudice à la banalité, de laisser les manants aller moudre ailleurs sans les citer devant la Chambre des comptes, etc. Le Magistrat devait veiller à laisser libre le cours de la Vesdre, à ne permettre l’établissement d’un autre moulin, ni même d’une prise d’eau. Enfin, il s’engageait à servir la communauté en se conformant aux anciens usages. Le 16 mars suivant, l’assemblée des manants ratifiait le contrat.

   A cette époque, la politique de la Chambre des comptes était de mettre tous les moulins en bail emphytéotique pour assurer plus de régularité dans leurs revenus. Ensival n’était pas un cas isolé. Le 11 mai suivant, le Magistrat décida que le bourgmestre régent aurait dans ses attributions l’administration du moulin. Il lui appartiendrait de visiter le moulin au moins deux fois par semaine pour s’assurer de la bonne marche des opérations; une tolérance lui était toutefois accordée d’y déléguer une autre personne. Il serait comptable de l’établissement, tenant registre et présentant annuellement ses comptes. Tenu de gérer le moulin en bon père de famille, il lui serait alloué, pour ses devoirs et vacations, une remise de 3% sur les recettes.

   Quant au meunier, qui prêta serment le 25 juin, il provenait de Petit-Han. Noël Remi était engagé moyennant un salaire de 15 fl. Bbt, 5 sous par mois. Sa nomination, renouvelable chaque année, pouvait prendre fin sous réserve d’un préavis de six semaines, donné de part ou d’autre. Il lui était bien précisé de n’avoir aucune préférence entre les manants, exception faite des boulangers. Six années passèrent; le Magistrat, qui estimait trop lourdes les charges supportées par la communauté, envoya à Liège, le 15 avril 1780, le bourgmestre et un commissaire pour s’informer des moyens à mettre en œuvre pour obtenir une diminution de cette rente de 160 muids d’épeautre due annuellement à la Chambre des comptes. 

 On recommençait également à se plaindre, sans les citer nommément, des “innovations faites par ceux du roi sur le lit de la rivière”22. De guerre lasse, la permission fut demandée au prince, le 18 juillet 1782, de pouvoir, comme cela se pratiquait à Verviers, percevoir un liard sur chaque pain étranger introduit dans la bourgade. 

  Le moulin banal devenait “plus préjudiciable qu’avantageux”. Des réparations allaient s’avérer indispensables; elles s’étendirent sur deux ans, de 1787 à 178924. Que pouvait bien rapporter annuellement ce moulin? Quelques chiffres apparaissent seulement à la période française: 610 francs en octobre 1795, au moment de l’annexion par la France; 500 francs en 1803; une moyenne de 931 francs de 1804 à 1809, le moulin ayant été affermé; 1.197 francs de 1810 à 1813. 

  Cette recette était réduite à néant tant étaient élevés les frais d’entretien et les réparations. Le meunier n’était plus, comme sous l’Ancien Régime, un salarié, mais bien un adjudicataire. Ainsi, le 8 ventôse an XII (28.2.1804), le moulin avait été adjugé pour 825 francs à Jean-Joseph Wassenne, meunier à l’Elahan, pour un terme de trois ans. 

 Il appartenait au meunier d’effectuer les petites réparations, les autres étant à charge de la Commune. Il avait aussi l’obligation de fermer les “écluses” chaque fois que l’eau de la Vesdre sortirait de son lit et de veiller à ne pas causer préjudice aux voisins. Enfin, il devait remettre les lieux en état à sa sortie. C’est la première fois qu’il est fait mention d’un Wassenne ou Vaessen, patronyme qui donnera son nom au moulin jusqu’à la période contemporaine

.- La période française; la fin d’un “service public” L’Ancien Régime s’était terminé sur une dette de 4.040 fl. Bbt, représentant deux années de fermage. Le trésorier du prince eut beau réclamer cette somme le 28 juin 1794, la caisse de la communauté était vide, le Magistrat ne pouvant que solliciter l’autorisation de contracter un emprunt pour s’en acquitter, tout en réglant d’autres dépenses urgentes pour la communauté. 

  Deux jours après la victoire de Jourdan à Fleurus, le temps était mesuré pour pouvoir régler son dû au prince. Le 27 juillet, les Français étaient à Liège; l’administration princière connaissait d’autres soucis.  Ces difficultés, momentanément aplanies, allaient resurgir pendant la période française lorsque l’administration des Domaines réclama à la commune d’Ensival le paiement de cette rente de 160 muids d’épeautre, créée en 1774. 

  Le 12 janvier 1809, le Conseil municipal se réunissait pour mettre au point les arguments convaincants prouvant l’extinction de cette rente. Il fut convenu d’exposer au préfet que cette rente, résultant d’un droit féodal, avait ipso-facto été abolie par la législation française. Le moulin avait appartenu en toute propriété aux Nizet, de Verviers, qui l’avaient vendu à la communauté d’Ensival par acte passé devant le notaire Hanster, en date du 19 septembre 1695. Le prince-évêque “s’était arrogé le droit de louer le moulage au propriétaire même”, d’où, en 1774, la création de la rente de 160 muids. 

  Le prince louait un droit de banalité, non le moulin qui ne lui appartenait pas. Suivaient quelques considérations sur la situation du moulin. La rente d’épeautre (environ 2.000 francs) représentait le double de ce qu’il était permis, en 1789, d’obtenir d’un adjudicataire. Les frais d’entretien du moulin absorbaient d’ailleurs tout le profit du loyer. 

  De nombreux moulins avaient été transformés en usines et la Commune ne conservait le sien qu’en raison de son utilité publique. Les choses n’en restèrent pas là; le 18 décembre 1809, Pierre Fassin, conseiller municipal, choisi comme expert, rencontra celui de la direction des Domaines. Tous deux avaient été désignés en exécution d’un arrêté préfectoral du 30 novembre précédent. Les experts remirent séparément leur rapport pour que le litige fût tranché par les tribunaux.

  Pierre Fassin avait fait valoir que, bien qu’avant la Révolution, le moulin pouvait rapporter 5.000 francs par an à la communauté, le fait était dû au prix de la mouture, quintuplé par rapport à l’actuel, et que “si le vieil édifice n’était d’une certaine utilité à la commune, elle le céderait avec avantage au gouvernement, quelque modique que fût la rente qui en aurait résulté”. L’expert ensivalois concluait, chose assez surprenante, qu’il était impossible de déduire de cette rente de 160 muids d’épeautre ce qui aurait représenté le droit de banalité, et, tout aussi surprenant, proposait de verser dans la caisse de l’Etat un montant de 3.122 fl. Bbt,  sous, que le prince aurait donné pour l’achat du moulin. 

  Cette même proposition fut reprise le 26 août 1810 dans une lettre adressée au préfet. Tout laisse à penser que ce litige n’a jamais été tranché. Les 9 et 10 octobre 1811, s’adressant au receveur de l’Enregistrement ainsi qu’au sous-préfet, la Commune protestait contre une inscription prise par le receveur de Spa sur “une somme qui se payait à titre de banalité au ci-devant prince de Liège”, droit féodal aboli par les constitutions de l’Empire. 

 Un dénouement assez différent allait se produire. La France, épuisée par les guerres, avait un pressant besoin d’argent. Le décret impérial du 20 mars 1813 fit mettre en vente les biens communaux, dont les moulins, au profit de l’Etat. Celui d’Ensival fut cédé à la Caisse d’amortissement et mis en vente à Liège le 9 juin 1813. J.N. David, de Francomont, s’en porta acquéreur au prix de 15.655 francs. Le bien avait été évalué à 21.940 francs.

  La Commune aurait pu, en vertu d’un arrêté royal du 19 janvier 1815, récupérer son bien; la fatalité joua contre elle. Les acquéreurs de biens communaux devaient, dans un délai d’un  mois prenant cours le 1er novembre 1815, faire la déclaration de leur acquisition au sous-intendant de l’arrondissement, sous peine de déchéance. 

  La maison J.N. David avait omis d’accomplir cette formalité, ce qu’avaient constaté les Etats députés le 26 novembre 1819. Cette même instance avait estimé, le 1er février 1820, qu’il appartenait au bourgmestre de prendre les mesures propres à rentrer dans la possession de son bien et de s’en assurer les revenus. 

  Le bourgmestre d’Ensival prononça en conséquence la déchéance de l’acquisition du moulin par J.N. David, qu’il accusait, par sa négligence, d’avoir fait perdre à la commune le remboursement par le gouvernement français du montant de la vente et des intérêts; le bourgmestre s’y prenait également aux meuniers, Jean-François Cambresy et Jean-Joseph Wassenne, leur enjoignant de payer désormais leurs fermages à la caisse communale.

  Le résultat de cette décision mayorale fut une citation devant le tribunal de première instance de Liège. La maison J.N. David n’avait pas l’intention de lâcher prise et, d’autre part, l’arrêté du bourgmestre aurait dû recevoir l’approbation de l’autorité supérieure. Le 12 juin 1820, la Commune tentait une dernière démarche, à savoir la demande adressée au gouverneur de la province de décliner la compétence des tribunaux et d’en référer au roi. La justice donna raison à la maison J.N. David le 25 juillet 1822, estimant bonne et valable son acquisition. Déboutée en appel, la Commune en informa le commissaire de district le 22 juin 182433. 

  La page était tournée. J.N. David avait-il nécessairement réalisé une “bonne affaire” quand on se réfère aux considérations désabusées formulées quelques années auparavant par la Commune? Cette dernière avait vraisemblablement, par calcul, dressé un tableau noir de la situation de son moulin; elle perdit irrévocablement le bénéfice de la vente qu’elle n’avait pu récupérer auprès du gouvernement français. Le rôle de service public assumé par le moulin s’effaçait devant l’initiative privée. De ce moulin - il y en eut d’autres par la suite - subsiste le bâtiment, donnant sur la Grand Place. Il était connu des gens de l’endroit sous le nom de Moulin Vaessen. 

  Le moulin de Francomont, quant à lui, fut démoli en 1930.


Moulin Richel (Wegnez)

  Sur la voie de Liège peu avant d'arriver au pont du Purgatoire, limite Pepinster Ensival vous auriez pu apercevoir le moulin Richel



moulin Richel en arrière plan château de la folie





      Le Moulin de Richel était un moulin à eau à farine. Roue Sagebien, encore en 1940-1945, avec un diamètre de 7 mètres et large de 3,5 mètres. Le moulin était détruit par un incendie en 1952. Le dernier meunier était Hubert Richel







Mr et Mme Richel


A titre indicatif le moulin Lefin à pepinster






Petit Rechain   

 Lors de la rédaction de ce blog nous avions remonter ( lol) le fil des ruisseaux de Petit-Rechain et nous n'avions trouvé aucun moulin.

   Mais nous avion pris comme critère Petit-Rechain tel qu'est le village actuel. Nous trouvions deux ruisseaux où aurait pu s'installer un moulin à farine bien entendu.

     1)  le ruisseau des Waides qu prend sa source en ce lieu-dit à la Fontaine du Ry des Moines citée déjà en 1625. Il suit son cours dans les prairies, disparaît par un itinéraire souterrain pour aller se jeter dans le ruisseau de Dison.

     2) Le second le ruisseau de Gelée, prend sa source dans les prairies de ce lieu-dit par le quartier Bonvoisin et poursuit également un itinéraire souterrain avant de se jeter également dans le ruisseau de Dison.

    3) Nous pourrions même ajouter,le ruisseau de la Baleine, ou ru de Pétaheid, prend sa source dans le ravin de Pétaheid, forme limite entre la commune actuelle et Lambermont. Ce ruisseau aboutit à la Vesdre près de l’hospice de Hodimont


   Mais  jadis la seigneurie de Petit-Rechain était plus étendue que la commune actuelle. 

   Elle comprenait en outre le territoire de Dison avec le hameau de Mont et le bourg de Hodimont.

   Elle faisait partie du duché de Limbourg et était située dans la subdivision de ce duché qu’on appelait le Quartier Wallon ou ban de Herve. 

   La superficie était à l’époque de 878 hectares. Hodimont obtint la séparation administrative en 1783. 

Ce fut le tour de Dison en 1798 pendant la période française. D’après le cadastre, la superficie actuelle est de 421 hectares

résumons Petit-Rechain se composait de Rechain, Dison, Lambermont,Mont Dison et Hodimont






      Pour être encore plus précis :les trois communes issues de la seigneurie de Petit-Rechain.

 Petit-Rechain

   L’ouvrage de M. Hans explique assez ce que fut et ce qu’est Petit-Rechain. Nous n’avons plus qu’à rassembler ici quelques variantes du nom: Richeim 13 juin 888) ; in villa quae appellatur Richem 1143 le cour de Richen, 1288 ; la ville de Richen, i3o5, Jehan Benselin de Rychen,1391 ; Rychen parva , pouillé de 1497 ) ; trix le guere entre les deux Richaiu, i65o ; pas toratum des Rychains (= la cure des R.). 1710, ; pastor utriusque Richain, 1724, ), in utroque Rechaiuy 1769,

    Les habitants sont dénommés Rechain-t-ois dans une inscription moderne de 1909. 
    Ce nom, comme le Rechhem flamand, vient de Rich, ncm du fondateur, plus heim habitation.

 Dison. 

   La première mention du bourg de Dison est de 1321. Depuis lors il est très souvent cité et sans variantes graphiques, sauf une fois Dyson. 

   On a fait dans les premiers chapitres l'historique du développement de cette localité. Dison doit vraisemblablement son nom au ruisseau qui a fait sa prospérité, la Dison, qu’on appelle aujourd’hui inversement ruisseau de Dison.

    Le nom de la Dison, comme celui de la Vesdre, est d'origine celtique ou préceltique. 

    Il faut tenir compte, pour la toponymie, de ce que les limites des communes d’Andrimont et de Dison ont varié. 

    La seigneurie d'Andrimont s’étendait au S O jusqu’au delà du ruisseau de Dison, sur la rive droite. 

   Le développement de l’industrie le long du ruisseau rendit cette situation intolérable. 

   En 1859, Andrimont céda à la commune de Dison le quartier de Neufmoulin et partie de la Pisseroule, moyennant une redevance annuelle de 750 francs. 

  L'ancienne limite d'Andrimont de ce côté est spécifiée dans un acte de bornage de 1717, que Renier donne tout au long . Nous en avons beaucoup usé, mais en rectifiant le point de départ de Jean Renier, qui s’est imaginé que la première borne avait été mise en Haute-Saurée.

   Hodimont.

     La première mention du bourg date de 1182 . Hodi-mont fut d’abord le nom de la colline, dénommée aujourd’hui, à l’inverse de la genèse des noms Thier de Hodimont.

    Le nom a passé au hameau naissant au pied de la colline en terrain plan. 
    
     Ce nom provient, quant au premier terme, du nom de personne Hodier, devenu Hodir puis Hodi (Hody), d’origine germanique. Le pléonasme mont (ou thier) de Hodimont existe déjà au début du XIVe siècle, comme le montre un relief de 1314 : « Renerus de Foron Sancti Martini, dictus Cordeel, relevavit x bonarium terre arabilis situm supra montem de Hodimont » ; thier de Hodimont, 1475, etc. 

ici pour les puristes


        



Par ces dernières explication nous retraçons la carte de l' hydrographie de la seigneurie de Petit Rechain et constatons un plus grand nombre de ruisseaux, ru ou autres


HYDRONYMIE :


Ruisseaux,.


  Le ruisseau de Dison, en w. Vru d*Dison, Vêwe du Dison. Tel est le nom actuel ;

il faut croire que c’est le village qui a donné son nom au ruisseau. C’est le contraire qui est vrai, si on peut tabler sur ce fait qu’il existe dans la commune de Jalhay un ruisseau nommé la Dison affluent de la Hoigne.


  La Dison est formée de ruisseaux qui descendent des communes de Chaineux et de Thimister et qui se réunissent au N. de la limite de la commune de Dison.


Le principal de ces ruisseaux est le ruisseau de Houlteau : il en résulte que la Dison est souvent dénommée dans les documents r. de Houlteau pour la partie septentrionale.


    Elle coule ensuite du nord au sud, se grossit de quelques petits affluents qui seront cités plus bas. Elle servit jadis à actionner des moulins ; aujourd’hui elle et ses affluents, canalisés, recouverts sur la plus grande partie de leur parcours, artères invisibles de l’industrie, alimentent des filatures et autres établissements.


    Elle fait au bout de son cours la limite entre la commune de Hodimont et celle de Verviers, puis se jette dans la Vesdre à quelques mètres en aval du Pont Dictus.


    De cette limite vient l'expression verviétoise à d’ia l’êwe pour signifier « à Hodimont » : â d'ia Vèwe n'est pas au delà de la Vesdre, mais au delà de l’eau (de Dison).


   On ne trouve dans les archives que les composés ruisseau, eau, ri ou rieuwe de Dison : En i562, octroi à Nizet de Dison d’établir une vanne « sur la ryeuw de Dison, au lieu dit « tronque de la vieille xbarre », pour irriguer le pré au vivier et le long pré, une seconde vanne au pied du thier de Mont où serait la prise d'eau, une troisième vanne un peu au dessous du moulin de Dison, pour " awer le grand pré" en 1574, octroi d'un coup d’eau pris hors du ruisseau de Dison, pour activer deux fouleries à Hodimont, l’une dans les prés de Nizet-Florquin, l’autre un peu plus bas dans les prés de Hodimont ,


Un nécrologie de l’église paroissiale de Verviers, qui date de 1447, (publié par M. Em. Fairon. (1912),) porte la mention « citra aquam de Hoddimon » : c’est la traduction latine de a d'ia têwe, et cette « eau de hodimont » n’est autre que le ruisseau de Dison.


affluents du r. de Dison.


à droite :


1. Les cartes indiquent un premier affluent de droite, en commune de Dison, au bois de Saint-Gilles et Halconheid. Il n’a pas de nom particulier.


2. Le ruisseau de Gelée. Il se forme dans la région dite so Djaléye, au N. du village de Petit-Rechain, arrose les prés de Gelée et de Bonvoisin, pénètre en terre à la Voie des morts, en un lieu dit agolina, et son cours reste souterrain jusqu’à la rivière de Dison.


3. Le ruisseau des Waides, appelé aussi ry ou rieu Le moine, ou ruisseau de Rechain. Il nait dans la région dite les waides (= prairies) à la fontaine du ry ou rieu Lemoine, contre la ruelle Le moine, traverse ensuite le village de Petit-Rechain, pénètre en terre dans le calcaire et aboutit par un cours souterrain au r. de Dison.


On trouve ry ou rieu Lemoine en 1625, 1699, 1714. En 1572, octroi à Jacob Jacqueniin d’user de l’eau du ruisseau de Rechain pour irriguer son pré gisant au village .


4. La Pisseroule, autre ruisseau à cours souterrain, descendant du Husquet. Le nom a passé à un quartier de Dison et à une rue. La source de la Pisseroule, qui alimente Hodimont d’eau potable, se trouve dans une prairie de cette vallée en amont. — Picheroulle, 1475 ; Piechrouly 1515 ; pré a noier en piceroule desoub la fontaine husquet, 1568 ;


Affluents de gauche.


Les affluents de gauche ou de l’est, du côté d’Andrimont, sont utiles à l’industrie disonnaise. Ce sont :


1. Le ry de Tampe ou Tambe. qui contourne d’abord le mamelon de Haute-Mont, descendant du versant de la Clisore sur le territoire d’Andrimont. Il sert bientôt de limite entre le quartier de Mont, qui est de la commune de Dison, et la commune d’Andrimont. Il dévale au ruisseau de Dison en lieu dit Wesny.


« Le ry de Tampe, en Wesny », 1545 ; « un pré en Tambe de- soub Andrimont », ) ; ruisse.iu de la fontaine de Tampe, i650 etc .


Pas une seule fois le nom n’est écrit Tempe on Timpe. Cela n’a pas s empêché Renier d’affirmer que l’on prononce timpe. Il voulait étayer par cette étymologie du « temple » la supposition ou l’imposition ou la tradition qu’il y avait eu là un établissement de templiers.


Autant voudrait y voir une réplique de la fameuse vallée grecque de Tempé !


2. Le ruisseau des fohales, qui est devenu invisiblé. Il descend du territoire d’Andrimont entre les deux rues parallèles dites chaussée d’Andrimont et rue Clément XIV ; puis il passe entre les deux rues dites rues des Fabriques et rue des Franchimontois, où il sert de limite d’abord entre Andrimont et Verviers, puis entre Dison et Verviers


jusqu’à son embouchure dans le r. de Dison. Le cours de ce ruisseau est bien tracé dans le plan de Verviers du colonel Français Mullendorff. Le nom est tiré du lieu-dit les fohales, écrit foxhales, qui signifie fosses, cavités.


3. Le ruisseau de Fond-de-loup. Il est étrange qu’on doive mettre en doute l’existence d’un ruisseau, mais il arrive aussi aux ruisseaux de tarir ou de finir piteusement dans les égouts des nouvelles rues.


Celui-ci ne diffère pas du r. des fohales précité. RENIER cite le r. des fonds de loup, comme il se plait à l’appeler, ne cite pas celui des fohales ; le plan Mullendorff, qui trace le r. des fohales, n’a pas de r. du Fond de loup Je me suis assuré, en examinant le terrain à droite et à gauche rue dos Fabriques, que le versant de Fonds-de-Loup descend bien jusqu’à la limite entre la rue des Fabriques et la rue des Franchimontois (ou coule le r. des Fohales, , et qu’il n'y a pas deux vallées parallèles pour deux ruisseaux.


Tout au plus peut-on admettre, par conséquent, que, avant la conversion de cette vallée en rues et routes, un ruisselet dévalait du lieu dit Fond de Loup, vallée représentée aujourd'hui par la rue Fonds-de-Loup qui continue en amont la rue des Fabriques, et que ce ruisselet se réunissait au r. des Fohales, qui recevait alors le nom de l’un ou de l’autre de ses petits affluents.


Le ru de Pétaheid, est le seul de notre région qui ne soit pas tributaire du r. de Dison. Il sert de limite au sud entre le territoire de Petit-Rechain et celui de Lambermont, puis entre Lambermont et Hodimont. Il aboutit au coude de la Vesdre, en lieu dit Pilâte, évidemment canalisé et invisible, mais alimentant divers établissements industriels.


On le nommait plus souvent autrefois ru de la Rochette ou la grande Baleine.


Exemples : le ris de la Rochette ou ruisseau de la Baleine, 1678, la grande Baleine joindant à la grande assise près de Grand-Rechain, 1747; la grande Baleine limitrophe au Grand Rechain, joindant du midi au bois de la Rochelle, 1770. Le ruisseau a un petit affluent, qui limite Petit-Rechain et Hodimont. Nous n’en avons qu’une mention : « la Baleine Pawly, qui descend des fonds Doret », 1538. Cette petite vallée est nommée en général Pelaheid ).


La rochette est un rocher au N. du ruisseau, sur Petit-Rechain. Les fonds Doret sont sur la commune de Hodimont, au versant est de la vallée. Pauly est le nom de famille Pauli, un génitif d’ancien registre paroissial resté comme patronymique ; ce nom est cité comme nom de famille dans Renier, Andrimont, . Le nom de Baleine ou [Balaine reste énigmatique. On voit qu’il y a la grande et la petite Baleine : est-ce un vieux nom hydronymique, ou un nom de famille, ou un ancien nom de quelque endroit en amont ?


Ruisseau de Houlteau, traversant Haute Saurée. D’après la carte , c’est le r. de Dison en amont, ainsi nommé parce qu’il descend des hauteurs de Houlteau.


Ruisseau des Prés de Mont, alimentant jadis la fabrique Warnotte au château de Wesny . Sans doute un ruisselet affluent du r. de Tampe.


Le rieu de Resnneury passant entre le chemin qui va de Hodimont à Dison », 1482 ; Renneuerieux, 1545 ; Rzuneryuey 1576 ; Renneweaury, . C’est probablement, dit M. Hans, le ru de Dison à la Pisseroule. Pour la forme, comparez Renory à Angleur et Ougrée. Je décompose en Renaud-ry. 


   Les Moulins. Le moulin banal de notre seigneurie avait été érigé à une époque inconnue dans une enclave située sur le territoire de la Principauté de Liège. Ce moulin était en effet établi à Pepinster et servait également aux habitants de la communauté de Grand- Rechain. 
   Pour s’y rendre les manants devaient se munir d’un sauf-conduit pour ne pas être inquiétés par les préposés du Prince.

   Malgré cette précaution, des difficultés surgirent souvent et les manants se virent enlever à diverses reprises leurs attelages, leur grain ou leur farine. Aussi les Président et membres de la Chambre des Comptes du Brabant s’empressèrent-ils d’accorder l’autorisation d'ériger un nouveau moulin chaque fois que cette autorisation leur était demandée.

    C’est pourquoi les moulins finirent par devenir assez nombreux dans notre seigneurie. Nous en avons relevé quatre pour Dison et Hodimont. 

      Ils ne jouissaient pas du privilège de la banalité comme celui de Pepinster. Des records déterminaient les droits et les devoirs des manants et du meunier ; malheureusement ceux qui concernent notre localité sont restés introuvables. 

    Les détails que nous avons obtenus se rapportant à nos moulins, ne nous fournissent guère que des virements de propriétés et des noms de meuniers. Presque toujours les moulins sont dans les mains de diverses personnes qui en possèdent un certain nombre de parts, comme pour les fouleries. 

    Nous donnerons néanmoins ces détails dans plusieurs articles qui vont suivie.

 Le moulin de Dison

 Ce moulin situé à peu de distance de celui dit de Neufmoulin qui était du ressort de la seigneurie d’Andrimont, était activé comme ce dernier, par un bief alimenté par le ruisseau de Dison. 

  Il avait été érigé à une époque reculée et appartint aux seigneurs d'Andrimont jusqu’au premier décembre 1404.. Cette année là, Thiry de Welkenhuysen le vendit à Henri Piwez avec prés et viviers pour une rente annuelle de 6 chapons (rente seigneuriale).

   Le premier avril 1444, les mambours du voué saisirent le moulin et voulurent en prendre possession faute de paiement par le meunier Henri de Dison, de 6 muids héritables. 

   Celui-ci fut en outre obligé de payer 3 setiers. sur le prix du moulin à Kathelinet. fille de Henri Dewez, et au voué 6 chapons et un pathé (gâteau) pour le vivier, le bief et le pré situé devant le moulin. 

    En 1449, Henri de Dison loua le moulin pour 6 ans à Wathelet, fils de Collet Dewez, moyennant 7 muids et demi de mouture, 6 chapons et une poule annuels. Ils se donnèrent l’un et l’autre des garanties . 

    En 1510 et en 1517, Lambert de Dison en est le meunier. En 1521, le moulin est exploité par un meunier du nom de Melchior . Le Ier décembre 1535, Nizet fils de feu Mathy de Dison, Thomas fils de petit Thomas de Hauzeur, Henri Lambert et Marie, enfants, frères et soeur de feu Henri de Dison, transportèrent hors de la succession de leur père, mère et grand père, le moulin de Dison avec tous ses appendices, à Melchior, fils de Mathy, cité plus haut. 

   Celui-ci le loua en 1550 à Martin le fré Poilet de Verviers qui acheta, le   moulin avec la maison, le pré et le vivier, fut vendu par lui à Dres fils de Wathelet Warnier, échevin de Petit-Rechain, pour 3 muids d’épeautre, au duc de I)e Limbourg, 7 muids et 6 1/2 setiers au tréfoncier ; chaque semaine, 3 setiers au représentant de Melchior, 2 pintes d’huile par an à l’église des Rechains et 4 muids de mouture au prénommé Martin ou à ses héritiers. 

   En i559, Drèze, fils de Bertholet Warnier, transporta à son tour le moulin à Jehan (Groulard ?) de Jalheau, meunier de Houlteau, ce dernier le revendit le 29 novembre 1669 à Pierre Lambert de Chaiineux, à la condition de payer annuellement, 3 muids et 6 setiers de mouture, moitié blé, moitié avoine au tréfoncier ; 111 muids d’épautre au Seigneur, 2 pintes d’huile à l’église et 12 setiers de mouture au vendeur. 

  Ces 12 setiers pouvaient être rédimés en une fois moyennant 5o dalers, ou en 3 termes, les 2 premiers à 20 dalers et le 3em à 15 dalers ; en outre le vendeur avait le droit d'habiter le moulin jusqu’au mois de mars de l'année suivante.

    Le 8 mars 1572, Pierre Lambert rétrocéda le moulin aux mêmes conditions, à Jehan de Jalheau. En 1574, c’est Jean de Comblain qui en était le meunier. 

     Le 11 avril 1577 un certain Nizet transporta sa part du moulin, soit 25 setiers, 5 polgnoux, au dit Comblain. Henri Devaul est qualifié meunier en I58I et Servais Jacob, 6 ans plus tard . Léonard Hahe et son épouse, veuve de Servais Jacob, revendirent le moulin à H. Kairsion, fils de H. Kairsion de Lohirville, le 30 juin 1590, à la condition de payer toutes les charges, en plus 11 dalers et demi, et de donner des garanties concernant un demi muid, racheté par Servais Jacob, que le meunier devait servir aux enfants de celui-ci. 

  Jean de Montigny et le nouveau propriétaire, mirent tous leurs biens en garantie. Le 12 janvier 1605,Piron Detro fut « allozé dans le moulin», parce que H. Kairsion « n’at veu tant de son droit que de faire de sorte que le 4e jour sont expiré ». H. Kairson vendit le moulin à Piron Arnould, avec toutes les charges, pour une rente annuelle de 16 dalers, le 18 juillet 1612 .

   Nous trouvons en 1698, Jean Noël, meunier et Kairsion Jaspar, Tannée suivante. En 1654, les biens de Thomas Franck, dont le moulin de Dison, furent « adhérités » à B. de Herve . 

   Cependant Thomas Franck est qualifié meunier en 1660. Trois ans plus tard, Pirot Winand renonça au droit qu’il possédait sur le moulin au profit de Th. Franck. Henri Henrotte, gendre de Th. Franck, fut meunier de 1677 à 1688;l'année suivante, c’était Jean Noël . En 1693, Henri Henrotte, de nouveau meunier, obligea Th. Heuseux à remettre un pont de bois sur le bief de la foulerie proche du moulin .

   Les représentants de H. Henrotte étaient en possession du moulin en 1699 ; Nicolas Legrand en était le meunier en 1704  et acheta cette propriété le 6 février 1714 . Jean Leruth fut meunier en 1721 et en 1722 .

    Le 15 février de Tannée suivante, le prêtre Jonas Leban qui avait acheté le moulin à J. Delhez,le rétrocéda à Nicolas Legrand .

   Jean Leruth, propriétaire du moulin, le revendit le 24 avril 1725 à Michel Delcour ; il l’avait acquis de N. Legrand et il fut loué le 3 mars de la même année a Laurent de Noël . 

    Le 18 février 1729, les bourgmestres et échevins de Petit- Rechain, ordonnèrent à Michel Delcour, de remettre un pont sur le bief, entre son moulin et la foulerie de Dison, à l’endroit où les précédents avaient été placés. Le 14 juin 1740, Madeleine de Monsen Veuve de Jean- Jacques de Libotte et son fils Guillaume-Herman-Joseph, seigneur de Tignée, cédèrent au seigneur François de Wampe, 17 setiers de mouture partie de 24, payables à 2 florins le setier, affectés sur les biens et moulin de Dison. de même qu’une part de dime des Rechains rapportant 225 florins de rente, comme intérêts d’une somme empruntée de 6000 florins.

   Le i5 mai 1749, les manants de Dison envoyèrent à la Régence une protestation contre M. Delcour, qui avait fait abattre de sa propre autorité un pont à laver les laines, bien que celui- ci fût éloigné de 200 mètres environ de son moulin. 

   Les Régents décidèrent de laisser les intéressés s’entendre entre eux, ne voulant pas que la communauté prit position dans cette affaire. 

   Le cadastre de 1770, montre que ce moulin fut transformé en foulerie et que celui-ci appartenait en partie aux enfants Delcour. 

II. LE MOULIN DE LA GRAPPE A DISON 

    Dans une requête envoyée à l'Empereur Charles-Quint, Lambert de Wegnez demandait l’autorisation d’ériger un moulin sur une petite rivière appelée le « grandt Ryeuwe courant oultre et parmy son héritaige et certain preit gissant sur la frontière du pays de Limbourg et de Liège » moyennant une redevance annuelle de 2 muids de blé, et le pouvoir de faire bâtir un moulin à fouler le drap, pour occuper celui-ci quand le moulin à blé « aura faultre de mouldre »

   . Il demandait aussi que le meunier de Pepinster ne mit aucune opposition à son projet. Le 10 juin 155i, l’octroi fut accordé à Lambert de Wegnez à la condition de payer 3 muids annuels au receveur du Limbourg, dont deux pour Paccence du moulin à blé et un pour l’accense du moulin à fouler le drap. 

    Pour assurer cette rente, Simon fils de feu Lambert de Wegnez, hypothéqua une pièce de terre au lieu dit : Waigeneit, (Wegnez), appelée Renard Cortii, et son autre fils Pierre, une autre pièce appelée le Cortil Jehan Gile, située au même lieu, au profit de l’Empereur, le 21 janvier i555 . 

   Depuis cette époque, jusqu’à l’année 1576, les registres aux œuvres de la cour de Justice de Petit-Rechain ne mentionnent aucun détail concernant ce moulin. 

  Le 20 janvier 1576, Jehan de Jalheau vendit la moitié de son moulin, situé pré de la venne, à Henri Phène, d’Ensival, pour la somme de 700 florins brabant et la moitié des rentes dues au tréfoncier.

   Le dit Henri remit, séance tenante, la moitié susdite à Jehan de Jalheau moyennant 700 florins brabant et un demi setier de froment chaque semaine. Jean de Jalheau, Franceux Jehan, Grand Jehan d’Ensival et Kemacle le petit Thomas, vinrent attestei devant la cour de justice, que Henri Phène avait fait œuvre de meunier en jetant le grain sur le moulin, en tamisant la farine, en faisant arriver l’eau et en prenant la mouture, selon la coutume, avant de se désister de son moulin . 

  En janvier i588, Jehan de Jalheau fit un accord avec Jehan Lemoine. Celui-ci céda le coup d’eau, ses biens, appendices et droits à Jehan de Mélen et à Piron Arnould, beaux-fils de Jehan de Jalheau . Cloes Mathieu est dit meunier en 1589 .

   En 1594, Piron Arnould en était le meunier, A partir de ce moment, le moulin prit le nom de moulin Piron Arnould. 

   Ce meunier décéda en novembre 1602 . Son fils, Piron Arnould lui succéda, et le 26 mai 1629, il renonça à son moulin au profît de Martin, son fils, retenant pour sa « vicarie » 50 dalers, les créances qu’on lui devait, ses meubles et une chambre que le propriétaire du moulin devait mettre à sa disposition.

   A la demande du meunier, les échevins visitèrent le moulin cette année là, et le trouvèrent dans un piteux état. Piron Arnold ayant été tué le 24 février i630.

    Ses héritiers firent le relief de ses biens, et vendirent, le 3 novembre de la même année, le moulin avec une pièce de terre appelée « Pie- cheroulle, le bois et le cortil aux choux », au Seigneur Jean Corneil Moreau pour 300 dalers,, 6 florins et demi et les charges y attachées .

    Ce dernier consentit à ce que Polis Martin, meunier, s’en fit rendre vesture à sa place. L'octroi de vente porte la date du 4 octobre 1629 . Le 30 août 1656, Michel Delhez qui avait acheté le moulin aux enfants de Polis Martin, le céda à Jean Henri Tossaint . 

   Au 6 mars 1662, on voit que la veuve de ce dernier possédait seule ce moulin . A sa mort, arrivée en i665, ses enfants se partagèrent ses biens : la moitié échut à J. H. Tossaint et l’autre moitié à l'orphelin de Thomas Gérard et aux orphelins de H. J. H. Tossaint. J. H. Tossaint et son frère André vendirent à leur oncle J. H. Tossaint, le 18 novembre 1674, la quatrième partie du moulin. 

   Le 19 avril 1678, Pauquet Sperlet, acheta les trois quarts dumoulin de feu J. H. Tossaint. Le 2 mai, la Justice le visita et le trouva très délabré. Pauquet Sperlet vendit sa part le 14 juin suivant à Polis Drès. J. H. Tossaint et son frère André lui transportèrent également la quatrième partie qui leur appartenait.

   En 1679, il est la propriété de la Veuve Polis Drès . Thiry Ollivierest qualifié meunier en 1686. En 1694, le moulin appartenait encore aux représentants Polis Drès. J. Haar vendit, en 1698, sa quatrième part à Polis Drès . 

   Le 25 octobre 1702, Polis Drès acheta pour la somme de 1925 florins la part qu’Evrard Bertrand y possédait . En 1735, Simar Dresse succéda comme meunier à Polis- Drès (4). La Veuve de ce dernier en était propriétaire en 1747 .

   Le 7 février 1764, le docteur Huppen-Drèze et son fils vendirent le moulin dont ils avaient hérité le 7 mai 1747, à F. Thomas, pour la somme de 4200 florins, plus les charges s’élevant à 6626 florins 6 sous . Ce dernier loua son moulin, le 19 janvier 1769, à Lambert Michel pour 830 florins l’an . 

  La Veuve de F. Thomas se désista de cette propriété, le 18 novembre 1783, en faveur de Jeanne Delhez, veuve de Paschal-Paschal pour 17,400 florins.

    Au 14 Fructidor an XII (1803), le meunier était Lambert Jardon, parent du général . 


  III. LE MOULIN DE RICHAUHEID OU RICHARHEID A DISON.

 Ce moulin se trouvait non loin du moulin dit moulin de Dison, près du Thier de Mont. 

  En1587, Rigault de la Hausse qui tenait ce moulin de son frère Hubert, le transporta le 26 octobre, à son frère Johan Ce dernier en était encore le meunier en 1586. En 1591, Bertholet Bursode fournit Taccence au receveur du Limbourg, pour les frères Hubert et Collard de la Hausse.

    Il obligea tous ses biens pour payer les 20 setiers requis. La même année, Hubert de la Hausse se désista de son moulin au profit de ses enfants . 

   Le 30 septembre 1601, Johan de la Hausse, vendit cette propriété à Rigault, son frère. Celui-ci transporta une pièce de terre dite le Grand pré située derrière le moulin, à Henri Herman, en manière d’échange . 

   Johan de la Hausse vendit à son tour au même Herman, le petit pré situé plus haut que le moulin.

    Ce dernier en fit la vesture à Rigault de la Hausse. A ce moment, Rigault était propriétaire du moulin et des prairies y annexées comme les possédait ci-devant son frère Hubert . 

   A son tour, H. Herman vendit le Grand-pré à Simon Bissot, pour une somme annuelle de 13 dalers y compris 12 setiers aux tréfonciers.

   Le 4 août 1604, Laurent Hauzeur, receveur du duc de Limbourg, saisit le moulin avec ses appartenances , et le 8 octobre 1608, la Justice le visita, à la requête du dit receveur et le trouva dans un état déplorable .

   En 16i5, pour avoir paiement des arrérages de 2 muids et demi d’épautre et d’un muid d’avoine, de Hubert, fils de Colard Delhay, Arnold Schuille, receveur général des domaines, commit son substitut Hauzeur. pour faire les exploits nécessaires.

    En 1717, ce moulin appartenait à Piron-Petit, puis peu de temps après à Jacob Bertholet, puis à Jacques Demoulin et enfin en 1721, à H. Grégoire . Après cette date on n’en trouve plus aucune mention. 

  IV. LE MOULIN HACLOTTE. 

   La foulerie Haclotte située dans les Foxhalles fui transformée en moulin, par un octroi dépêché en faveur du seigneur Jean Benselin, mayeur de Petit Rechain, le 20 février 1661, moyennant un droit de création de 4 muids d’ épautre en nature à payer annuellement au receveur de Sa Majesté. 

  Jean Benselin subrogea en ses lieux et place. Mathieu Piron et Polis Drès, meunier de Houlteau, lesquels érigèrent ce moulin le 25 avril 1664, en vertu de cet octroi. 

   Le premier mit, en garantie du paiement des 4 muids précités: une pièce d’héritage contenant 360 verges petites, située sur le thier de Hodimont, et tous ses autres biens ; et le second obligea son moulin de Houlteau avec ses appendices. 

  Le 10 mars 1666, Mathieu Piron ou Pirson céda à Toussaint Henri Tossaint, meunier de Neuf-Moulin, la moitié du moulin qu’il possédait de concert avec Polis Diès, pour une rente de 2 muids d’épautre et un demi-setier d’aveine à Sa Majesté, 5 patars au curé de Stembert, 5 patars à l’église des Rechains, et 1 liard à Son Altesse de Liège.

   Comme garantie, le dit Tossaint hypothéqua une pièce de prairie proche du Noumolin et une somme de 130 florins affectée sur le dit moulin, qu'il pouvait rédimer en payant 16 florins de 20 patars par florin . 

  Le 9 mars 1667, ils renoncèrent tous deux à cet échange et à toutes les obligations qu’ils avaient contractées entre eux .

   Deux ans plus tard, Mathieu Piron transporta la moitié du moulin aux conditions indiquées plus haut à Henri Tossaint. 

   En 1695, les frères Dresse sont qualifiés meuniers . Le 27 août 1767, H. Delhez, ancien bourgmestre de Petit- Rechain, vendit la moitié de cette propriété à l’ex-bourgmestre Pirson. Celui-ci la loua à Lambert Michel en 1775




et pour terminer . 

   Ancien « moulin banal» de la seigneurie de Grand-Rechain, sis à l'angle du confluent de la Hoëgne et de la Vesdre, jadis dans une enclave de la Principauté de Liège.

   Alimenté par un coup d'eau dont l'octroi accordé par la Chambre des Comptes des Princes-Évêques de Liège remonte au 18 avril 1525 à Rigault le meunier de Theux.

    Durant le XVII° s. propriété du duc de Limbourg qui devait payer cependant une redevance à l'évêque pour l'eau. 

     Moulin ayant servi aux habitants de Petit-Rechain qui étaient obligés de s'y rendre selon les droits et usages féodaux. 

     Appelé «moulin Verdir. en 1692, du nom du propriétaire J-N Verdin jusqu’en 1745 dénomination usitée encore en 1784

     Propriété en 1747 du comte Ph-J de Wostenraedt, seigneur de Grand- Rechain et en 1784 de P-D Neuville R Chaussette négociants à Verviers. 

A ce moment, transformation en foulerie exploitée par un certain Angenot.