Il n’est pas aisé de circonscrire dans une seule artère, la description d’un lieu-dit où s’entrecroisent plusieurs chemins et où différentes entités administratives enchevêtrent leurs limites.
C’est le cas de Maison-Bois où pour en donner une description complète, il faudra dépasser quelque peu le cadre de Verviers (1977) proprement-dit.
Combien de Verviétois gardent le souvenir de ce haut-lieu du tourisme ; à pied, les plus courageux s’y rendaient en partant de Heusy pour gravir le chemin de Jean Gôme tandis que d’autres empruntaient la pittoresque ligne de tramway électrique (qui depuis 1912 a relié Verviers et Spa) jusqu’à l’arrêt du « Cheval Blanc » d’où part la drêve de Maison-Bois, en direction de l’Ouest.
(merci Georges)
Ce pittoresque chemin a bien changé depuis lors : la double rangée de sapins, qui en faisaient l’ornement, a disparu ; à l’entrée, il ne reste plus qu’une seule des deux maisons en forme de moulin à vent, sans ailes, qui ajoutaient une note pittoresque au site.
Fort heureusement, le paysage n’a pu être enlevé et de ce sommet de 334 mètres, l’œil découvre le plateau de Herve, la vallée de la Vesdre, le terril de Micheroux, etc.
Au début
Les fermes MODELES Aux environs de 1885,
M. Hauzeur de Simony (fondateur de l’hôpital de Verviers), propriétaire des terrains couverts de bruyères et de genêts, s’étendant du Cheval Blanc jusqu’à la route de Mangombroux à Jehanster, céda ce domaine à son neveu, Armand Delcour, avec mission pour ce dernier de défricher et de mettre les terrains en valeur.
Un agronome hesbignon du nom de Delvaux fut engagé et les travaux commencèrent.
Ce n’était pas une mince affaire. Il fallait déboiser là où c’était couvert d’arbres et arracher les racines.
Il fallait assécher les parties marécageuses et partout enlever les pierres. Il fallait établir une route reliant la chaussée de Theux à la route de Fays à Jehanster.
La construction de la route fut probablement mise en adjudication. Delvaux engagea une quarantaine d’hommes qu’il conduisait de main de maître. Ce qui aida sérieusement à la réalisation de ce projet fut... la ferme des boues de Verviers.
Pendant plusieurs années, les attelages charriant les gadoues de Verviers passèrent par Heusy, gravissant le thier de la Bouquette, conduisant sur les terrains défrichés une matière relativement fertilisante.
Tous les terrains furent clôturés par des haies d’aubépine. On en planta des kilomètres.
A l’origine, le château de Froid’Fontaine était pourvu d’une seule grande ferme contiguë.
Par la suite, M. Delcour qui habitait le château et exploitait la ferme aidé en cela par de nombreux domestiques, fit construire d’un seul bloc d’imposantes dépendances (étables, écuries, porcheries, fenils, hangars...) qui par la suite furent transformées et aménagées en quatre fermes.
Les trois fermiers restants (sur cinq) - MM. Delporte, Boulanger et Halkin - détiennent chacun de 30 à 50 vaches. Quant au château de Froid’Fontaine, toujours propriété de la famille Delcour, la locataire, Mme Firquet, y a ouvert Le Repos de Froid’Fontaine
On arrivait au porche des fermes de Maison-Bois (dont l’accès est interdit aujourd’hui) pour y trouver un peu de repos, en dégustant un rafraîchissement ou en consommant une « tchevnèye ».
En continuant son chemin, et en franchissant la cour, et à travers une sapinière qui constituait la limite entre Pepinster et Ensival, on arrivait à la « Sapinière », l’œuvre des Pères Salésiens où tant de jeunes gens prirent leurs ébats ou suivirent des retraites, mêlant ainsi l’utile à l’agréable.
Première propriétaire de cet endroit, la famille de Biolley acquit le 3 octobre 1778, une centaine d’hectares situés sur le territoire d’Ensival qui conserve le droit de vendre le bois communal. Plus tard, sous l’Empire, lorsque Napoléon décrète le blocus continental pour abattre l’Angleterre, le continent est privé des laines anglaises ; pour parer à ce manque d’approvisionnement, la famille Biolley complète ses importantes usines lainières de Verviers en construisant la ferme de Maison-Bois, pour y installer une bergerie.
Une rétrospective de l’élevage du mouton dans notre région, au siècle dernier, ne manque pas d’intérêt.
C’est au début du XIXe siècle que furent (sommairement d’abord, puis assez bien agrandies) construites les fermes (Ensival), dénommées « bien Biolley » ou « Cense Biolley » ou encore en wallon « Bèrdjirèye » ou « Bièrdjirèye ».
L’initiative (1803) en revient à la dynamique veuve de Jean- François Biolley, seigneur de Champion, décédé prématurément ; née Marie-Anne Simonis, elle se préoccupa d’améliorer la qualité de la race ovine dont les toisons étaient traitées dans l’entreprise familiale ; les mérinos originaires d’Espagne avaient déjà été acclimatés à Rambouillet ; la bergerie de Maison-Bois avait pour espoir d’améliorer la race par le croisement avec nos moutons indigènes.
La « Grande Madame », comme on l’appelait chez nous, compta jusqu’à 4.000 moutons ; elle mourut en 1831 à Hodbomont (Theux).
Le développement de la navigation transocéanique et surtout la création des chemins de fer (1843) permit le transport rapide et mas¬sif des laines en provenance de l’hémisphère austral dont la qualité améliorait singulièrement la production des filatures.
Ce fut la fin de nos bergeries indigènes, et dès le milieu du XIXe siècle, les terrains (genêts, fougères, joncs) où paissaient nos mou¬tons subirent une mutation : ils devinrent des prés pour le gros bétail. Le terme de « bergerie » demeura encore longtemps dans le vocabulaire populaire ; « dusqu’al bèrdjirèye, on s vaporminer» écrivait Antoine Lincé (1839-1895) en parlant des amoureux, dans son ouvrage « les plaisirs d’Enzivo » (1858).
Ces moutons étaient gardés par des bergers à l’habillement pittoresque, comme on en voit dans tous les élevages : grand chapeau, etc.
Décrire ce site sans citer, ni le château, ni la famille de Pinto, serait une grave lacune.
Le château, d’un style au genre anglais, date d’un siècle (1878) ; il fut construit pour Frédéric, comte de Pinto, et pour la comtesse de Pinto, née Simonis.
Un premier projet de l’architecte E. Keilig date de 1875 ; en 1878, on en était aux caves et en 1880, la construction était achevée. La famille de Pinto est originaire du Piémont. L’un de ses membres, François-Ignace, comte de Pinto fut appelé à Berlin, en 1764, en considération de ses connaissances approfondies dans le domaine de la construction des fortifications ; il devint général-major dans l’armée prussienne.
Son fils, Charles-Frédéric, filleul du roi Frédéric II (qui assista à son baptême), fit également partie de l’armée prussienne ; il fut adjudant-major du général Zieten et prit part aux différentes campagnes qui opposèrent l’armée prussienne à Napoléon ; l’avant-veille de la bataille de Waterloo il fut blessé à Ligny.
Trois mois auparavant, il avait épousé Joséphine de Grand’Ry ; il mourut en 1820. De cette union naquirent plusieurs enfants, dont : Henri-André-J. de Pinto, né à Verviers en 1818 et décédé à Pepinster en 1898 ; c’est en 1843 que les comtes de Pinto obtinrent du Roi des Belges, la reconnaissance de noblesse et le titre de Comte, transmissible à tous leurs descendants. Henri-André épouse en 1848 Marie-Laure-Elisabeth de Biolley (1825-1874), fille de Raymond de Biolley et de son épouse Isabelle Simonis (dont la vie industrielle, politique et sociale est voir (rue Raymond et de la rue Biolley à Verviers).
Le comte Frédéric (dit Fritz) Alphonse, M., Emmanuel, de Pinto est né à Verviers en 1855 et décédé à Pepinster en 1920 ; en 1879, il épouse Jeanne, T.M., Angèle, Octavie, Edouarde, Armande Simonis. Le comte Emmanuel, M.J., Jean, H. G. de Pinto est né à Polleur en 1880 et décédé à Ensival en 1959 ; il avait épousé en 1918, Zoé, M.G., Christine, comtesse de Ribaucourt (1888-1962).
Son ménage étant sans enfants, il adopta le 5 juillet 1941, Charles-Arnold, Jean, François, M.J.G., Hubert, comte de Kerkove de Denterghem, né à Wimereux en 1918 ; veuf en premières noces de Anne-Marie de Meester de Betzenbroeck, il épousa, en seconde noces, à Lambermont (1947) Françoise Zurstrassen, fille du baron Louis Zurstrassen-de la Pointe, sénateur et industriel à l’entreprise familiale Hauzeur-Gérard fils, à Verviers.
La famille de Pinto rappelle également une bergerie quand au siècle dernier, la comtesse de Pinto-de Biolley possédait 1.200 moutons de race pure, comme en témoignent les avis de vente de toisons parus dans les journaux de l’époque. Au lendemain de la libération (septembre 1944), le Château de Maison-Bois hébergea le quartier-général de la 3e Armée U.S. A.
le 14 octobre 1944, il fut le théâtre d’une rencontre historique entre le roi de Grande-Bretagne, Georges VI, et les généraux Éisenhower (futur président des U.S.A.), Patton, Bradley et Hodge, entourés de nombreux officiers supérieurs et de correspondants de guerre.
. Après six ou sept semaines, ce Q.G. fut transféré à Spa.
« LE TENNIS COUVERT DE MAISON-BOIS s.p.r.l. »
Le climat pluvieux de notre région prive pendant de nombreux jours par an, les amateurs de tennis, de leur sport favori.
Aussi, est-ce avec satisfaction que nos tennismen saluèrent l’initiative de M. Bernard Mignot (champion de Belgique) qui édifia (1973) trois terrains couverts ; en 1977/78, trois autres terrains complétèrent ce complexe sportif communément appelé « la bulle » où l’on pratique également le basket, le handbail, le football, le hockey, et le skate bail ; il y eut une rencontre pour la coupe du roi de Suède ; le club de quelque mille membres dispose d’une piscine l’été.
Le club Saint- François-Xavier, de Verviers, y soutient des joutes sportives. L’essor du tennis en Belgique est remarquable ; la F.R.B.L.T. Tennis souligne cet accroissement : en 1972, 264 clubs affiliaient 26.651 joueurs contre 442 clubs en 1978 avec 85.752 joueurs.
La « bulle » est située sur le territoire de Theux ; si nous l’avons citée, c’est parce que Maison-Bois reste un enchevêtrement séculaire des limites communales : jadis Heusy, Ensival, Pepinster et Theux et aujourd’hui Verviers, Pepinster et Theux. Enfin, l’échangeur de l’autoroute A27 a profondément modifié tout ce site.
1777 |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire